Dr. Holi Rajery - Linkedin
Le corps vivant se caractérise par une infinité de réactions chimiques qui assurent le fonctionnement des cellules. Lorsque ces dernières ne sont plus irriguées, cela entraîne une réaction en chaîne susceptible de conduire à la mort de l’organe qu’elles constituent. À la suite d’un arrêt cardiaque, l’irrigation sanguine des organes n’est plus assurée, provoquant ainsi un arrêt progressif du fonctionnement organique. Toutefois, si la mort peut survenir en quelques minutes et que certains signes commencent à être observés chez une personne mourante, les organes, eux, ne cessent pas instantanément de fonctionner. C’est donc un processus qui peut prendre un certain temps.
Durant la phase d’agonie, le cœur et la respiration s’arrêtent progressivement, ce qui induit un ralentissement puis un arrêt de la circulation sanguine. Les organes ne reçoivent plus d’oxygène et le corps sombre lentement dans l’inconscience. Les cellules cessent toute forme d’activité et le cerveau n’adresse plus de signaux électriques au reste du corps. L’absence complète de conscience et d’activité motrice volontaire et la disparition de l’ensemble des réflexes du tronc cérébral viennent attester de la mort cérébrale du sujet.
À la suite de cette étape, les neurones auparavant inhibés, vont entrer dans une activité intense afin d’évacuer toute l’énergie stockée. Le manque d’oxygène provoque une réaction en chaîne. Le gaz carbonique produit par les cellules va libérer de l’acidité qui va attaquer leur cytoplasme. Les cellules sont alors digérées de l’intérieur, ce qui entraîne des lésions irréversibles d’abord au niveau du cerveau, puis progressivement des autres organes. À ce stade, il n’y a en général plus aucun espoir de réanimation et la mort peut être déclarée.
Environ une demi-heure à une heure après le décès, le foie, le pancréas et les reins cessent définitivement de fonctionner. La température du corps se refroidit peu à peu pour atteindre l’état de rigidité cadavérique.
Si le processus de délitement des organes tel que décrit ne laisse aucune place au doute quant au sort du patient, la déclaration du décès dudit patient est pourtant loin d’être une évidence.
C’est une question dont la réponse peut sembler évidente, si l’on considère que la mort correspond à l’arrêt des fonctions vitales. Toutefois, les progrès scientifiques actuels ont contribué à complexifier la réponse apportée à cette question, avec l’apparition du diagnostic de mort cérébrale, également qualifié de coma dépassé. Ainsi, un patient est déclaré en état de mort cérébrale si ses fonctions cérébrales sont totalement supprimées à la suite de la destruction du cerveau.
La spécificité de ce diagnostic et de la définition de la mort tient au fait qu’il ouvre la voie à un prélèvement possible d’organes vitaux en vue d’une greffe. La survie de ces organes est alors assurée par l’administration de substances tonicardiaques ou par la ventilation mécanique.
Compte tenu des enjeux autour du don d’organes et bien au-delà de la dimension humaine et émotionnelle d’une telle annonce, il est primordial que le décès soit prononcé par un docteur en médecine qui s’appuie sur les critères suivants :
Par ailleurs, pour qu’ils conduisent au diagnostic de mort cérébrale, ils doivent être constatés en dehors des situations suivantes :
Il faut rappeler que dans chacun des cas cités, l’EEG est plat, du fait du ralentissement significatif des fonctions cérébrales.
Enfin, pour attester de façon définitive d’un état de mort cérébrale, ces symptômes doivent être présents sur une durée minimale de 6 heures pour un adulte et 24 heures pour un enfant, compte tenu du niveau de résistance de son système nerveux central.
Le décès ne peut être déclaré que si un certain nombre de critères négatifs de vie et positifs de mort sont constatés. Le plus souvent, les premiers sont précoces et réversibles et ne suffisent de ce fait pas à établir clairement un diagnostic de décès. Sont ainsi considérés comme des signes négatifs de vie :
Les critères positifs de mort permettent a contrario d’attester de façon irréfutable de la mort. Lesdits signes sont :
En effet, la température du corps va chuter d’un degré environ toutes les heures. Au bout de 24 heures en général, la température du cadavre est égale à celle de son environnement.
Elle naît de l’absence de lien entre les fibres de myosine et d’actine. Elle concerne la totalité des muscles du corps (squelette, cœur, diaphragme, sphincters et iris). Puisqu’elle concerne également les muscles dit lisses, il n’est pas exclu que le corps émette de l’urine ou de la matière post mortem. Elle s’étend des muscles supérieurs aux muscles inférieurs.
Elle apparaît post-mortem, entre la 3e et la 5e heure. Il s’agit d’un phénomène de transsudation de sang via les vaisseaux.
Il est nécessaire de faire un distingo entre deux formes de décès dans le cadre d’un don d’organes.
Toutefois, si les lésions sont importantes, le cerveau est détruit, ce qui entraîne la mort du patient. Néanmoins, une activité cardiaque, de même qu’une oxygénation des tissus et des organes peuvent être maintenus de façon artificielle. Ce dispositif permet de prélever des organes. Il faut noter que les personnes en état de mort encéphalique sont en général peu nombreuses.
Le don d’organes est encadré en France par les lois sur la bioéthique de 1994. Les principes en sont simples et peuvent être résumés en trois mots : consentement, anonymat et gratuité. Ces principes entrent en confrontation avec ceux adoptés par d’autres pays en matière de don d’organes, notamment en ce qui concerne la notion de consentement. Si le consentement est présumé en France comme en Belgique, en Espagne ou au Portugal par exemple, en Allemagne ou au Pays-Bas il doit être explicite.
Dr. Holi Rajery