La méningite est une infection qui touche les méninges (enveloppes autour du cerveau), due à certains champignons, virus ou bactéries La méningite à méningocoque est une méningite provoquée par la bactérie méningocoque qu'on appelle aussi Neisseria meningitidis. Elle peut survivre de manière soudaine et être mortelle en moins d'une journée si elle n'est pas traitée très rapidement Causes et modes de transmission
Pathogénie (germe en cause)
Le méningocoque ou Neisseria meningitidis se développe chez les êtres humains en s'introduisant par les muqueuses du rhino-pharynx. C'est un diplocoque, c'est-à-dire qu'il est toujours groupé par paire, et est en forme de grain de café. Il se transmet rapidement, mais meurt facilement en milieu extérieur. C'est le principal responsable de méningites, de septicémies, de choc septique ou de purpura en France. - Une septicémie est une infection qui se développe dans l'organisme par la présence de bactérie, de champignons, de virus ou de parasites dans le sang. Elle peut être mortelle.
- Un choc septique est une anomalie de la circulation sanguine (ralentie brutale) à cause de toxines bactériennes présentes dans le sang. Il peut aussi être mortel.
- Un purpura est une affection de la peau ou des muqueuses qui leur donne une couleur rouge foncée à cause du regroupement des globules rouges des vaisseaux sanguins. Il est provoqué par l'insuffisance de plaquettes sanguines ou l'inflammation des vaisseaux sanguins.
Physiopathologie
La bactérie méningocoque se transmet entre deux personnes qui se trouvent physiquement très proches de l'une de l'autre pendant au moins une heure. Un baiser, un éternel ou un toux peuvent aussi la transmettre rapidement. Les épidémies de méningite sont généralement provoquées par 6 sérogroupes de Neisseria meningitidis parmi les 12 existants, notamment les A, B, C, W, X et Y. En 2018, le centre national de référence en France a enregistré un sérogroupe B à 51 % , un sérogroupe C à 13 %, un sérogroupe W à 21 %, un sérogroupe Y à 13 % et d'autres sérogroupes moins connus à 2 %. Dans 1 cas sur 10 (1 sur 4 chez les adolescents), les symptômes de méningocoques ne se manifestent pas tant qu'ils restent dans le nez ou dans la gorge. L'infection est déclarée lorsque les bactéries contaminent le sang et se propagent dans tout l'organisme pour atteindre le liquide céphalo-rachidien
(LCR) qui baigne le cerveau et la moelle épinière. L'agent infectieux s'introduit dans le LCR de 3 manières : - De l'extérieur du corps : si la personne est blessée à la tête ou a subi une opération neurochirurgicale
- De l'intérieur de l'organisme :
- Si le sang infecté traverse la barrière hémato-encéphalique censée protéger le cerveau des agents infectieux
- Si l'infection déjà présente dans la partie touchant la tête se développe
Épidémiologie et prévalence
Le risque d’épidémie de méningite est très élevé quand l’immunité diminue à cause de certaines infections comme le VIH, le manque de complément, le tabagisme qui constitue un facteur de risque accentué avec l’âge ou l’immunodépression.
La promiscuité est également une condition particulièrement favorable à la propagation de cette maladie. C’est le cas dans certains lieux de travail tels que les usines, dans une habitation où toute la famille occupe la même pièce, dans les camps de réfugiés, les prisons, les garnisons militaires, les écoles ou les salles de spectacles.
Selon l’OMS, les infections à méningocoques touchent en moyenne 500 000 personnes par an dans le monde, dont 600 personnes dans les pays industrialisés, notamment en France, avec une augmentation des cas en hiver et au printemps : 1 à 3 personnes sur 100 000.
La « ceinture africaine de la méningite », région de l’Afrique subsaharienne, est la plus touchée par les épidémies mortelles de méningite à méningocoque et à pneumocoque. Cependant, le risque existe dans tous les continents.
Symptomatologie et diagnostic
Les signes cliniques et l’évolution
La période d’incubation de la méningite dure 3 à 10 jours.
Les syndromes se divisent en deux catégories :
- Le symptôme de l’infection elle-même qui est essentiellement la fièvre. Un purpura (lésion rougeâtre sur la peau) peut souvent se manifester et se développer, c’est un signe que l’infection s’aggrave, il peut entrainer un choc septique, le traitement est urgent
- Les symptômes reliés aux enveloppes méningées qui sont des effets de l’infection : vomissements, maux de tête violents, raideur de la nuque, photophobie (très grande sensibilité à la lumière). Le malade peut aussi être atteint de somnolences, de troubles de la conscience ou de déficits moteurs dans certains cas graves
Les bébés de moins de 12 mois sont les plus atteints par la méningite à méningocoques, cependant, ils manifestent moins de symptômes et se limitent à la montée brusque de fièvre, aux vomissements et aux convulsions.
La 2e catégorie la plus atteinte est celle des jeunes de 16 à 24 ans.
La méningite à méningocoques peut disparaitre entièrement après 10 jours si un traitement est effectué urgemment.
Un retard de prise en charge peut être fatal. Dans plus de 10% des cas, le patient meurt après 48 heures, même s’il est traité. Ce retard peut aussi causer des dommages conséquents sur les systèmes nerveux et vestibulaires et entrainer ainsi des séquelles physiques ou mentales, particulièrement chez les bébés de moins de 12 mois : déficit moteur, retard de la marche, trouble du comportement, épilepsie, surdité.
Le diagnostic
Les premiers symptômes d’une méningite à méningocoques sont difficiles à détecter rapidement (en quelques heures), car ils sont semblables à ceux d’autres maladies moins graves telles qu’une appendicite ou une grippe. D’autant plus qu’ils se manifestent petit à petit, ce qui réduit l’alerte et retarde le diagnostic.
L’examen le plus efficace est la ponction lombaire qui consiste à prélever du LCR pour y détecter les éventuels germes pathogènes. On peut obtenir 2 résultats :
- Méningite bactérienne, quand le LCR est purulent. Il faut alors approfondir l’analyse pour connaitre l’espèce exacte de bactérie, notamment si c’est le méningocoque, et prescrire un traitement rapide et adapté
- Méningite virale, quand le LCR est clair et que les germes qu’on a détectés ne sont pas dangereuses. Le traitement est essentiellement de support pour soigner les effets de la maladie
Pour un examen complet, on peut effectuer une analyse sanguine qui permet de connaitre l’état général du patient. D’autres examens comme l’EEG et l’IRM sont également conseillés pour connaitre l’état du cerveau et identifier plus précisément les dysfonctions cérébrales.
Traitement et prévention
Traitement médical
La méningite bactérienne nécessite une prise en charge très rapide par un traitement antibiotique - les céphalosporines de 3e génération (cefotaxime, ceftriaxone), de préférence par voie intraveineuse pendant 4 jours à 1 semaine.
L’entourage direct du malade doit aussi suivre un traitement préventif par :
- Antibiophophylaxie 48 heures après le diagnostic du malade, notamment pour toute personne ayant eu un contact avec le patient au maximum 10 jours avant la confirmation de la maladie
- Vaccination des personnes ayant été ou étant en contact direct et répété avec un patient de séroproupes A, C, Y ou W
Il est par contre inutile, voire déconseillé, d’étendre la prévention à des personnes qui ne sont pas directement concernées, au risque de créer des résistances du méningocoque à l’antibiotique.
Vaccination
Les vaccins contre la méningite sont très bien assimilés par l’organisme et sont efficaces à 85%, même s’il reste un risque minime d’attraper l’infection.
Depuis le 1er janvier 2018 en France :
- Le vaccin méningococcique C conjugué est obligatoire pour les nourrissons à leur 5e mois, avec un rappel à leur première année
- Les enfants, adolescents et jeunes adultes de moins de 25 ans, encore non vaccinés à cette date, doivent se faire vacciner à défaut de couverture vaccinale plus complète
Certaines situations appellent également à la prudence et imposent la vaccination, par exemple si on se prépare pour un pèlerinage à La Mecque ou en Arabie Saoudite où l’on va se mélanger étroitement avec une grande foule pendant une assez longue période.
Depuis avril 2022 :
- La vaccination contre le méningocoque B est recommandée pour les enfants de moins de 2 ans. La première injection doit se faire à leur 3e mois, suivie d'un premier rappel à leur 5e mois et d'un deuxième rappel à leur 12e mois. Ce vaccin est pris en charge par l'Assurance maladie
- La vaccination contre les méningocoques est également recommandée pour les personnes atteintes de certaines maladies immuno-déficientes, pour celles qui voyagent fréquemment dans certains pays et pour les professionnels exposés.