Dr. Holi Rajery - Linkedin
La conception sur le deuil et les relations que les vivants et les morts entretiennent suite à un décès sont sujettes à de nombreuses controverses. En effet, certains considèrent que le mort n’existe plus et que le deuil est un processus qui concerne l’endeuillé seulement. Cependant, d’autres estiment que les morts existent en tant qu’entités autonomes avec lesquelles une relation est possible. C’est de cette deuxième pensée que portera notre analyse.
Lors de la période de deuil, le vivant va essentiellement se positionner sur deux types d’actes : faire pour soi et/ou faire pour le mort. L’un ou l’autre de ces deux pôles sera plus ou moins investi et d’autre part. Mais quoi qu’il en soit, faire pour soi revient souvent pour le vivant à faire aussi pour le mort et vice versa.
L’évolution du mort et du vivant se fait donc dans le même mouvement, jusqu’à ce que le mort atteigne un statut de bon mort (ancêtre, guide, ange…) et que les endeuillés rejoignent la communauté des bons vivants (un vivant comme les autres, qui s’est transformé suite au deuil et qui entretient une relation chaleureuse avec le mort).C’est donc la transformation de la relation via la transformation simultanée et mutuelle du mort et du vivant qui est l’enjeu principal du deuil.
Cette transformation peut être mise en œuvre et observée essentiellement via les actes posés par les vivants, les effets qu’ils ont sur eux et sur les morts, ainsi que la relation qui les lie.
Cette transformation possède une temporalité et des modalités uniques qui dépendent du vivant, du mort et de la relation qui les unissait avant le décès.
Dans les interactions qui constituent la relation, il y a la possibilité d’une dynamique vécue de part et d’autre comme porteuse d’évolution. Cela se reflètera par autant de signes pour qu’ils ne se retiennent pas dans un non-devenir, bloquant les possibilités d’évolution.
Ces modalités de transformation et de relation sont profondément ancrées dans ce qui nous construit aujourd’hui en tant qu’êtres humains : les manières de faire pour soi et/ou pour le mort sont multiples et relèvent souvent de pratiques inscrites dans un certain contexte culturel, tout en étant toujours colorées des inventions personnelles et singulières de chacun.