Dr. Holi Rajery - Linkedin
Le VIH-Sida est une maladie incurable causé par le virus de l’immunodéficience humaine. Cet agent pathogène est responsable de l’infection chronique qui évolue vers le sida, mais qui peut être ralentie par un traitement antirétroviral, à condition qu’il soit suivi dès le début. En France, l’augmentation du volume de dépistage avec 6,5 millions de sérologies VIH réalisées par les laboratoires de biologie médicale en 2022, tend vers un diagnostic précoce.
Depuis sa découverte il y a plus de 40 ans, le VIH Sida a atteint plus de 40 millions de personnes et a provoqué des millions de décès dans le monde. La prise en charge des séropositifs connait une évolution constante en qualité et réduit de façon certaine le nombre de décès, cependant elle n’est pas accessible à tous les patients, notamment ceux dans les pays en développement.
Ce n‘est pas l’infection par le VIH qui cause la mort, mais la grande perte de poids (cachexie), les infections opportunistes et les maladies qu’elle provoque comme le cancer, dont voici les manifestations en phase terminale.
Le VIH Sida est une des premières causes de décès des femmes et des adolescentes. Il est asymptomatique à ses débuts et pendant une longue période, ce qui retarde nettement le diagnostic et la prise en charge.
I.1. Définition
Le VIH ou virus de l’immunodéficience humaine est une IST (infection sexuellement transmissible) qui diminue progressivement la capacité du système immunitaire à défendre l’organisme. Cette diminution est due à la destruction des globules blancs de type lymphocytes T.
Le SIDA (Syndrome d’Immuno Déficience Acquise) est la phase finale de l’état dû au VIH quand le système immunitaire ne fonctionne plus. Il se manifeste par des maladies graves dites « opportunistes » qui sont entre autres la tuberculose, la toxoplasmose cérébrale, certains types de cancer, l’hépatite B et C, etc.
I.2. Causes et facteurs de risque
Causes
Le VIH attaque les globules blancs lymphocytes T CD4, principaux acteurs au bon fonctionnement du système immunitaire.
Le sida apparait après quelques années si le patient atteint de VIH n’est pas traité.
Facteurs de risque
Les facteurs qui augmentent le risque d’attraper le VIH sont, entre autres :
L’alcoolisme et le tabagisme qui sont des facteurs de risque accentués avec l’âge, sont aussi des éléments qui augmentent le risque de contracter le VIH, car ils réduisent l’immunité de l’organisme.
I.3. Mode de transmission
Les 2 principaux moyens de transmission du VIH sont le sang et les sécrétions sexuelles.
Le 3e mode de contamination non négligeable est celui de la mère à son enfant si la mère est porteuse de VIH. Il peut se réaliser à 3 moments différents : durant le dernier trimestre de la grossesse, durant l’accouchement (par voie basse ou par césarienne) ou durant l’allaitement. Le risque de transmission est de 35 à 40% si la future maman n’a pas pris de traitement antirétroviral. Ce taux diminue largement si elle prend les médicaments pendant sa grossesse, lors de l’accouchement et pendant l’allaitement.
Il est aussi envisageable de prescrire un traitement préventif pour le bébé.
Les conditions de transmission
Les conditions de transmission sont complètes si les 2 faits suivants sont réunis :
présence de vecteurs contaminés : liquide biologique comme le sang, le liquide pré-éjaculatoire, le sperme, les sécrétions vaginales ou anales, le lait maternel, les matériels médicaux de transfusion (seringue, appareils pour les opérations…)
ouverture qui permet aux vecteurs de passer : lésion ou plaie ouverte sur la peau (y compris les petits points comme le perçage), injection, absorption des liquides par voie orale
NB : Les gestes habituels de contact comme manger ensemble, s’embrasser, se serrer la main ou faire des câlins ne risquent pas de transmettre le VIH.
I.4. Le VIH SIDA en chiffres
L’appellation officielle « VIH Sida » a été établie en 1981 quand les recherches ont donné des résultats plus précis concernant ce virus. Cependant, ces études révèlent que l’infection existe depuis la fin du XIXe siècle chez l’être humain. Depuis, le nombre de personnes contaminées ne cesse d’augmenter.
Dans le monde
Selon l’OMS, en 2022 :
En France
D’après les données du bulletin de santé publique VIH-IST sorti en novembre 2023 :
I.5. Les 2 types de VIH
Le VIH est catégorisé en 2 types :
L’apparition des symptômes de l’infection par le VIH dépend de l’évolution de la maladie qui se divise en 4 stades.
1- La primo-infection
C’est la phase qui suit l’introduction du virus dans l’organisme, pendant laquelle le risque de transmission est le plus élevé et la propagation dans l’organisme est la plus rapide. Elle dure entre 2 et 8 semaines. Le système immunitaire développe alors des anticorps pour repousser le virus.
Des symptômes semblables à ceux de la grippe se développent : fièvre, maux de gorge, mal de tête, éruption cutanée, douleurs musculaires… Ils disparaissent après quelques semaines ou même n’apparaissent jamais.
Le nombre de diagnostics est très faible à ce stade et le porteur de virus ignore son état.
2- Le stade asymptomatique
Elle dure des années (5 à 10 ans ou même plus) et ne manifeste aucun signe, mais le virus se multiplie et s’attaque de plus en plus au système immunitaire et aux cellules de défense. La personne infectée peut transmettre la maladie.
3- Le stade symptomatique
Le système immunitaire est de plus en plus faible et des signes commencent à apparaitre :
Le diagnostic est de rigueur quand ces symptômes se manifestent, car si le patient ne prend pas de médicaments antirétroviraux, l’immunité de l’organisme s’affaiblit davantage, le taux de lymphocytes diminue progressivement, le virus envahit l’organisme pour atteindre la phase sida.
4- Le stade sida
Le système immunitaire perd toute sa capacité. Les maladies opportunistes font surface à cause de l’introduction de divers autres virus, champignons, bactéries et tumeurs cancéreuses. Ces pathologies peuvent être mortelles si le patient ne reçoit pas de traitement antirétroviral. En effet, le renforcement du système immunitaire par ce traitement permettra de repousser les infections.
NB : Chez un patient qui suit un traitement scrupuleux et adapté, une infection VIH peut ne jamais évoluer en sida.
Comme l’infection du VIH ne montre pas de symptômes clairs lors de son intrusion, la personne infectée n’a pas toujours le réflexe de se faire dépister. Généralement, l’état de séropositivité se révèle lors d’une analyse sanguine pour une autre pathologie ou un test après un comportement à risque.
Cependant, il est essentiel de se faire dépister dès qu’un symptôme ou une maladie en apparence sans danger dure trop longtemps.
Les types de test
On peut répertorier au moins 4 types de test.
Le Trod ou Test Rapide à Orientation Diagnostique sur le sang et la salive est le plus utilisé, il est facile d’usage et donne les résultats rapidement (en un quart d’heure). Toutefois, en cas de résultats positifs, une analyse sanguine standard de confirmation est nécessaire.
Le test immunologique antigène/anticorps d’association de 4e génération est le plus conseillé, car c’est le plus fiable. Il repère non seulement les anticorps contre le VIH, mais aussi l’antigène p24 qui est une protéine constituant le VIH. Les résultats sont obtenus en une demi-heure.
Le test ELISA (dosages immuno-enzymatiques d’anticorps) de première génération est aussi utilisé dans le milieu médical. Son usage nécessite cependant un appareil dont la manipulation doit se faire par des spécialistes. Cependant, les résultats arrivent plus tardivement que pour les autres tests (après 24h).
La mesure de l’ARN du VIH dans le plasma sert surtout de confirmation dans 2 cas :
Cas particuliers et rares de résistance au VIH
Dans moins de 10% des cas, des patients qui suivent des traitements précoces (quelques semaines après la contamination) deviennent contrôleurs post-traitement. Leur organisme arrive à contrôler le virus et à diminuer progressivement ses effets.
De rares patients peuvent même lutter contre l’infection sans prendre de traitement, grâce à une mutation particulière de leurs lymphocytes au contact du VIH.
D’autres ont une capacité immunitaire particulièrement résistante au VIH, ce qui rend le virus très faible dans leur organisme au point d’être indétectable.
Toutes ces catégories de personnes peuvent pourtant transmettre l’infection en situation de risque.
À ce jour, l’infection du VIH n’a pas de traitement curatif. L’objectif des traitements existants est de stopper la multiplication du virus et d’empêcher l’infection de s’aggraver, voire de la réduire.
Les traitements antirétroviraux (ARV), appelés aussi médicaments inhibiteurs, sont prescrits selon l’étape de la maladie pour :
Généralement, 3 inhibiteurs sont associés dans chaque traitement, d’où la qualification de trithérapie.
La précocité du traitement joue beaucoup sur son efficacité. Moins le système immunitaire est touché, plus grandes sont les chances de préserver l’organisme et de limiter le risque de contamination de l’infection. Un patient qui reçoit un traitement assez tôt, c’est-à-dire quelques semaines après sa contamination pourrait avoir la même espérance de vie que si elle était saine.
En cas de grossesse
Les femmes séropositives doivent prendre un traitement antirétroviral le plus tôt possible, à la fois pour la protection de la mère et pour la prévention du fœtus. Sans traitement, le risque de transmission vers l’enfant est de 15 à 30% alors qu’il est de moins de 1% avec un traitement.
Les effets secondaires des médicaments ARV
Les antirétroviraux ont connu une très grande évolution depuis près de 40 ans d’existence. Les premières générations sont connues pour leurs effets lourds : allergie cutanée, diarrhée, vomissements et nausées, fièvre, fatigue, etc.
Les nouveaux ARV sont beaucoup plus efficaces et plus adaptés à l’organisme, permettant au patient d’avoir une vie presque normale, à condition que le traitement ait commencé assez tôt. Étant un traitement à vie, il n’est cependant pas exclu qu’ils provoquent à long terme des problèmes cardiaques ou une prise de poids.
La prévention contre le VIH est surtout comportementale.
En France, l’allaitement n’est pas recommandé pour les mères séropositives.
Prévention par médication
Un traitement médical préventif est tout de même envisageable. Quand une personne est exposée à un risque élevé de contamination par le VIH, un traitement antirétroviral préventif peut lui être prescrit, que ce soit avant l’exposition (prophylaxie préexposition ou PrEP) ou après l’exposition (prophylaxie post-exposition ou PPE).
Il est indiqué en cas de situation de risque récente, comme un préservatif défaillant lors d’un rapport sexuel, usage de seringue déjà utilisée, contact avec une plaie contaminée…
Il est impératif de se faire diagnostiquer dans les 48 heures après le geste et de revenir pour un suivi après 1 mois.
C’est un traitement préventif administré à des personnes séronégatives pour leur éviter toute éventuelle transmission.