Dr. Holi Rajery - Linkedin
L’amélioration des conditions de vie a fait que les patients âgés en fin de vie sont de plus en plus nombreux et ont un âge de plus en plus avancé . C’est dans ce sens que les soins palliatifs prennent tout leur sens en médecine gériatrique.
Considérés uniquement comme des soins médicaux pour accompagner un patient dont le pronostic vital est engagé, la prise en charge des personnes âgées n’est en moyenne dispensée que deux semaines avant le décès pour la moitié des patients. Seuls un tiers reçoivent des soins palliatifs trois mois avant leur mort. Pour un quart, la durée de ces soins est encore en-deçà de deux semaines. En gériatrie, les soins palliatifs servent surtout à améliorer la qualité de vie des patients, mais on assiste parfois à un allongement de la durée de vie.
Gériatrie et médecine palliative
Les liens entre la médecine palliative et la gériatrie sont reconnus depuis une décennie. Mieux, la loi qui régit le cadre de santé dit que toute personne dont l’âge le requiert a le droit à des soins palliatifs. Cependant, sur le terrain, il se trouve que les patients nonagénaires ont du mal à gérer les demandes d’admissions en unité de soins palliatifs (USP). On note également l’insuffisance de l’offre d’hospitalisation complète de soins en fin de vie en établissement hospitalier.
Pourtant, en gériatrie, de nombreux éléments déterminent l’accompagnement de ce type de population fragile qui présente un haut risque de perte d’autonomie. Il y a bien entendu l’âge, les troubles de la mémoire, les maladies associées au vieillissement comme Parkinson ou la maladie d’Alzheimer, les pathologies chroniques comme le cancer, les affections cardiovasculaires, le diabète, les troubles cognitifs, etc., mais aussi et surtout le niveau de dépendance physique dans la vie de tous les jours. L’avis et l’accord du patient et de sa famille est aussi à prendre en compte. C’est pour cela que l’accompagnement doit être le plus personnalisé possible pour chaque patient, cela peut être des soins de suite et réadaptation, une hospitalisation de jour ou une prise en charge globale.
Besoins particuliers et recours en soins palliatifs
Il y a des unités de soins palliatifs dédiés à la gériatrie dans les CHU. Inversement, on trouve ces soins dans les services de gériatrie, assurée par une équipe multidisciplinaire dans lesquels un pôle de gérontologie peut intervenir. C’est ainsi que de plus en plus de lits dans ces services sont identifiés comme des lits de soins palliatifs.
On note également l’existence d’unité mobile de gériatrie et de soins palliatifs. La société française de gériatrie et de gérontologie recommande qu’un Etablissement d’Hébergement pour Personne Agée Dépendante (EHPAD) doit faire appel à une structure mobile de soins palliatifs pour renforcer les services de soins, si la prise en charge des patients au sein de l’établissement est rendue difficile par des symptômes spécifiques comme des troubles du comportement. Cette intervention est appelée à améliorer la qualité de la prise en charge et d’éviter le transfert des patients atteints dans un autre établissement. Il convient de noter que la structure mobile ne se substitue pas au personnel de l’EHPAD accueillant des personnes âgées.
Son rôle est de proposer une formation à l’équipe pluridisciplinaire traitante, c’est-à-dire le praticien hospitalier, les infirmiers et les aides-soignants pour la mise en œuvre d’une démarche palliative appropriée. L’idée est de transmettre progressivement une culture de soins palliatifs. Il revient à chaque établissement de mettre en place les mesures médicales requises pour garantir des soins palliatifs de qualité, notamment dans la formation du personnel. La mise en place d’unités de cour séjour pour une admission en urgence ou d’une autre incluant des soins de longue durée est aussi envisageable pour mieux cibler les besoins, en fonction de la santé du patient.
Spécificité des soins
On note plusieurs défaillances dans la prise en charge palliative des personnes âgées dans les services hospitaliers, dans le cadre du service gériatrique. C’est le cas des symptômes chez le sujet âgé en phase terminale avec en première ligne la prise en charge de la douleur.
Il se trouve que le recours à une échelle d’hétéro-évaluation de la douleur n’est pas encore systématique. Par conséquent, ce symptôme est mal soulagé. Au fur et à mesure qu’une personne vieillit, elle fait face à l’accumulation de plusieurs pathologies, dont la pathologie chronique qui peuvent l’handicaper. L’équipe médicale doit jongler constamment entre soins curatifs et soins palliatifs.
Cela demande souvent beaucoup de flexibilité chez le médecin traitant, surtout au niveau de l’approche. C’est la raison pour laquelle l’équipe soignante doit être pluridisciplinaire et composée entre autres d’infirmiers, d’assistantes sociale, de médecins spécialistes, voire d’ergothérapeutes. Le but est de ne pas tomber dans le piège de l’acharnement thérapeutique ou au contraire dans celui de l’abandon.