Dr. Holi Rajery - Linkedin
Les soignants au sens large, surtout les médecins, se trouvent parfois face à la demande de provoquer la mort d’un patient ou de l’aider à mourir en mettant en place un suicide assisté. La médecine a appris à se retirer devant l’évidence de son impuissance ou à la demande de ceux qui l’implorent.
Aujourd’hui, elle accepte d’arrêter les traitements actifs et de laisser la maladie finir son œuvre. Qu’en est-il de l’éthique interdisant de « faire mourir » ?
La demande de mourir d’un patient et singulièrement la demande réitérée, exprime la souffrance globale créant une situation sans issue qui le pousse à chercher des moyens pour y échapper.
La différence entre une demande instantanée et une demande réitérée réside en ceci que le patient réitérant sa demande a perdu quelque chose de l’ordre de l’espoir.
Les demandes sont parfois exprimées par la famille ou l’entourage et sont parfois la conséquence d’engagements pris par la famille, de promesses faites au malade de « ne pas le laisser souffrir ».
La loi Leonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et en fin de vie a consacré la distinction entre le « laisser mourir » et le « faire mourir ». Clairement, le texte rejette l’idée d’euthanasie et favorise les soins palliatifs. Cette loi autorise un médecin, après avis collégial et autorisation des proches ou du patient en « phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable », à appliquer un traitement antidouleur « qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie », mais non de provoquer sa mort.
L’euthanasie est un acte médical qui consiste intentionnellement à provoquer la mort d’une personne pour mettre fin à ses souffrances. Elle est rigoureusement encadrée et est assimilée à un soin de fin de vie (soulagement des souffrances). L’euthanasie est une mort imposée par opposition à la mort naturelle.
L’euthanasie active suppose le geste d’un tiers qui administre à un malade une substance létale dans le but de provoquer la mort immédiatement.
A contrario, l’euthanasie passive traduit le renoncement aux traitements médicamenteux, l’interruption de l’alimentation ou de l’hydratation artificielle ou l’administration d’opiacés ou de sédatifs à haute dose, pouvant plonger le malade dans le coma et provoquer la mort au bout de quelques jours.
On parle de suicide assisté lorsqu’un médecin fournit les substances létales à une personne, qui se les administre elle-même.
La différence entre les deux actes consiste dans le fait que l’euthanasie est accomplie par une personne autre que le malade, généralement un médecin, tandis que le suicide assisté est un acte par lequel la personne malade se donne elle-même la mort.
Le droit de mourir conçu comme un droit aux soins palliatifs et éventuellement au refus de traitement permet de préserver la réciprocité de la relation médecin/patient, de maintenir le sens de l’exercice médical et de préserver l’équilibre social.
L’article 38 du Code de déontologie médical interdit au médecin de provoquer délibérément la mort. Il a pour rôle de soigner ou, à défaut, d’accompagner les personnes en fin de vie.
Dr. Holi Rajery