Dr. Holi Rajery - Linkedin
La grossesse extra-utérine (GEU) ou ectopique est une grossesse qui se développe hors de l’utérus, qui est le lieu naturel de la croissance du fœtus. Cette anomalie est très fréquente, c’est la première cause de mortalité maternelle durant les 3 premiers mois de grossesse dans le monde, notamment dans les pays où les femmes enceintes n’ont pas accès à un suivi médical adapté et efficace. Dans les pays développés, le nombre de GEU est en constante augmentation depuis plus de 10 ans, atteignant aujourd’hui 2% des grossesses. Il est la cause de 10% de taux de mortalité maternelle durant les 3 premiers mois de grossesse et fait partie des maladies mortelles comme la méningite à méningocoques.
Après sa fécondation dans la trompe de Fallope, l’ovule se déplace naturellement vers l’utérus pour son développement.
Ce déplacement est parfois empêché quand la largeur de la trompe est restreinte, voire bouchée, pour lui donner un passage. L’ovule continue sa croissance sans atteindre l’utérus, c’est une grossesse ectopique.
Une grossesse est extra-utérine quand le fœtus grandit en dehors de l’endomètre qui entoure la cavité utérine, c’est-à-dire dans le col ou la corne de l’utérus, dans la trompe de Fallope, dans la cavité abdomino-pelvienne ou dans l’ovaire.
Une grossesse ectopique doit toujours être interrompue. En effet, le contenant de l’embryon se rompt généralement entre 6 et 16 semaines de grossesse, provoquant une hémorragie. Plus le fœtus est développé, plus l’hémorragie est rapide et le risque de décès augmente.
La GEU en quelques chiffres
Dans le monde, l’incidence de grossesse ectopique a diminué à partir de 1990 après une forte recrudescence dans les années 70 et 80.
Dans les pays développés pourtant, le nombre de cas ne cesse d’augmenter. La bonne nouvelle est que l’avancée en matière de système de diagnostic précoce et de traitement réduit peu à peu le nombre de décès maternel.
En France, 2 grossesses sur 100 sont ectopiques, représentant 15.000 grossesses par an.
96% des GEU sont des grossesses tubaires, c’est-à-dire que l’ovule fécondé se niche dans la trompe.
Le parcours de l’ovule fécondé dans la trompe peut être stoppé à cause :
Dans certains cas, les causes ne sont pas identifiées.
Les facteurs de risques
Les situations suivantes augmentent les risques de grossesse extra-utérine :
Dans une grossesse normale, l’ovule fécondé arrive dans la cavité utérine après 4 jours et se loge dans l’endomètre 2 jours plus tard. Cette migration se déroule sans encombre quand les muscles et les cellules de la trompe effectuent correctement leurs activités et que le liquide tubaire coule sans difficulté.
Ce n’est pas le cas dans une GEU où l’œuf n’arrive pas dans l’utérus au 6e jour et se fixe à l’endroit où il se trouve. Cela peut être dans la trompe de Fallope, dans le col de l’utérus, dans l’ovaire, dans l’infundibulum, etc.
Les GEU se présentent sous diverses formes selon leur localisation.
Certaines grossesses se déroulent quand même dans l’utérus (intra-utérines), mais pas au bon endroit (dans l’endomètre).
Les symptômes d’une grossesse ectopique varient selon le stade et l’état physiologique de la patiente. Ils peuvent être inexistants jusqu’à la rupture de la trompe.
Les signes normaux de grossesse peuvent se manifester :
Ils ne donnent pas toujours l’alerte, mais incitent à effectuer les premières consultations gynécologiques qui permettent de détecter toute anomalie.
Certaines femmes peuvent ressentir des symptômes anormaux à partir de la 3e semaine :
Des symptômes beaucoup plus alarmants indiquent que la trompe est rompue, donc le cas est extrêmement urgent :
Il est conseillé de toujours effectuer les tests dès les premiers signes de grossesse (test urinaire, test sanguin …) pour que la prise en charge soit précoce en cas d’anomalie.
S’il y a GEU, les prélèvements sanguins indiquent une trop lente augmentation ou même un faible taux de hCG (hormone gonadotropine chorionique). D’autres examens sont alors pratiqués pour confirmation.
L’échographie est un moyen efficace pour détecter l’endroit où le fœtus se situe. Dans une grossesse normale, il se place dans la cavité utérine. Dans une grossesse extra-utérine, une masse est constatée en dehors de la paroi endométriale, ainsi que la présence de sang dans les cavités abdomino-pelviennes.
Ces présences sont une fois de plus confirmées par un examen pelvien, notamment le toucher vaginal.
L’examen de l’utérus peut être complété par une laparoscopie à l’aide d’un tube à fibre optique fixé à une caméra.
La grossesse extra-utérine peut entrainer la rupture de la trompe et provoquer une hémorragie rapide qui peut être mortelle. C’est donc une urgence médicale qui nécessite l’interruption de la grossesse.
Il existe essentiellement 2 catégories de traitement : médicamenteux et chirurgical.
a. Traitement médicamenteux : par méthotrexate
Le traitement se fait par une injection de méthotrexate, un médicament qui stoppe la reproduction des cellules et qui interrompt ainsi le développement de la grossesse. L’administration se fait par voie intramusculaire, généralement dans le postérieur.
Comme pour tout médicament à puissant effet, un test sanguin doit être effectué sur la patiente pour s’assurer qu’elle le supporte, notamment son foie et son rein.
Le personnel médical vérifie aussi l’état de la patiente après l’injection en cas d’éventuelles allergies au produit.
Le traitement par méthotrexate est à proscrire dans les cas suivants :
b. Traitement chirurgical
Il y a 2 types de résection médicale.
Il s’agit de très petites entailles dans le bas-ventre pour permettre à l’appareil de détection (caméra spéciale dotée de microscope) de localiser l’œuf afin que le médecin puisse le retirer. Il permet aussi de constater l’état de la trompe pour décider s’il faut ou non l’enlever.
C’est une incision abdominale de taille plus grande que celle de la laparoscopie. C’est un acte chirurgical radical qui consiste à réaliser l’ablation de la trompe de Fallope (salpingectomie) dans les situations d’urgence, c’est-à-dire la détérioration de la trompe et une grosse hémorragie.
La trompe peut être réparée et non retirée dans certaines situations, comme une grossesse interstitielle (quand l’œuf s’est logé dans la partie la plus étroite de la trompe).
c. Abstention thérapeutique
De rares patientes avec une grossesse extra-utérine ne reçoivent pas de traitement quand :
Un suivi strict est cependant recommandé pour pouvoir agir rapidement si des anomalies se présentent.
Un repos est nécessaire pour reprendre rapidement des forces et renforcer l’immunité. Après l’arrêt de la grossesse, que ce soit par méthotrexate ou par résection, les patientes avec un Rhésus négatif reçoivent toujours un traitement médicamenteux par immunoglobulines Rho(D) dans cet objectif.
Quel que soit le traitement adopté, le personnel médical envoie un sms ou adresse un appel téléphonique à la patiente pour s’enquérir de son état quelques jours après la sortie de l’hôpital.
d. Après une chirurgie
Une consultation post-chirurgicale est programmée 3 à 4 semaines après l’opération. Le bain n’est conseillé qu’après une bonne cicatrisation de la plaie, soit environ après 1 mois.
Par ailleurs, le médecin prescrit des antalgiques contre les douleurs postopératoires et autres malaises (courbatures, mal de dos…).
Les constipations sont fréquentes après une opération et peuvent être douloureuses, c’est pourquoi le médecin propose de prendre des laxatifs et d’éviter de manger les aliments qui favorisent cet état (chocolat, riz, etc.)
Les personnes à risque de phlébite (caillot qui se forme dans une veine) et d’embolie pulmonaire prennent des anticoagulants, en suivant scrupuleusement les consignes médicales.
Une marche douce aide à éviter ces différents maux sans trop fatiguer le corps.
e. Après la méthotrexate
Des douleurs peuvent survenir après l’injection, signe que l’œuf est en train de partir ou que la trompe se fissure.
Un test sanguin est effectué chaque semaine pour vérifier que le taux d’hormone de grossesse diminue régulièrement jusqu’à disparaitre après 5 à 6 semaines. La menstruation revient à la normale après ce délai.
Peut-on retomber enceinte après une grossesse extra-utérine ?
Une grossesse est toujours possible si l’utérus n’a pas été retiré, s’il reste une trompe et un ovaire, mais les chances sont réduites et surtout les récidives sont à craindre. Une surveillance étroite de la grossesse est vitale pour détecter où se niche l’ovule fécondé.
Une grossesse perdue est toujours une source de souffrance psychologique, voire psychique chez les femmes. En effet, en plus des douleurs physiques, elles font surtout face à un deuil, une période complexe à passer.
30 à 50% d’entre elles sont sujettes à une anxiété (peur de retomber enceinte, peur d’un nouvel échec…), plus de 12% tombent dans la dépression qui peut durer un trimestre entier et même au-delà.
D’autres encore présentent des syndromes de stress post-traumatiques qui se traduisent par des cauchemars, des retours d’images de ce qu’elles ont vécu ou de la fuite de l’entourage qui attend un bébé.
Le soutien des proches est essentiel durant cette longue période.la méningite à méningocoques