Dr. Holi Rajery - Linkedin
Le sang comporte une petite quantité de bactéries éliminées naturellement par l’organisme, mais il arrive que des bactéries, des champignons ou des virus soient assez virulents pour résister à l’immunité.
La septicémie indique la présence de ces éléments dans le sang qui peut provoquer le sepsis, une inflammation généralisée due à une infection sévère. En raison de l’interaction permanente de ces deux situations, les deux termes (septicémie et sepsis) sont interchangeables dans le milieu médical pour désigner l’affection.
La manifestation de l’inflammation est souvent violente avec de la fièvre, une tachycardie et une faiblesse physique. Elle atteint les différents organes et les affaiblit.
La septicémie touche généralement les bébés, les personnes âgées et celles dont l’immunité est affaiblie par des maladies, comme le cas d’une personne qui souffre d’insuffisance rénale aigüe ou chronique, dont voici tout ce qu’il savoir.
La septicémie est connue pour sa prolifération dans les milieux hospitaliers à cause d’une mauvaise hygiène et est aussi appelée fièvre puerpérale (qui atteint les femmes après l’accouchement) ou gangrène nosocomiale (qui atteint les personnes ayant subi une opération).
Le nombre de décès annuel causé par cette maladie dans le monde est de 11 millions selon l’OMS, un chiffre en constante augmentation due au vieillissement de la population.
La septicémie est une réaction sévère du dysfonctionnement de certains organes de l’organisme, provoqué par une présence massive d’agents pathogènes dans le sang.
Elle peut évoluer rapidement vers un choc septique qui est une infection généralisée de l’organisme, entrainant un grave dysfonctionnement de la circulation sanguine et une baisse de tension. Le choc septique engage le pronostic vital.
Causes
Une septicémie fait suite à une grave infection provoquée par des bactéries, plus rarement par des virus ou des champignons présents dans le sang.
L’infection se manifeste d’abord localement, généralement au niveau des voies urinaires, de l’abdomen, des poumons, de la gorge ou même de la peau. Elle prend la forme d’une infection urinaire, d’une pneumonie, dont voici les causes, symptômes et traitements, d’une péritonite ou d’une pharyngite à streptocoque.
Certains champignons et virus peuvent aussi être responsables d’une septicémie, dont ceux à l’origine de la Covid-19 et de la fièvre hémorragique.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque les plus connus sont les états de faiblesse immunitaire pendant la grossesse, la présence d’une maladie chronique, l’âge avancé, la naissance prématurée, ainsi que la prise d’agents immunosuppresseurs.
Le port d’implants médicaux, dont les sondes pulmonaires ou urinaires, le cathéter, le tube de drainage, les prothèses articulaires ou valvulaires peut introduire des bactéries dans le sang lors de leur pose. Et le risque grandit à mesure que le matériel reste dans le corps, car les bactéries peuvent être diffusées régulièrement dans le sang.
L’usage inadapté ou excessif d’antibiotiques est aussi un élément de risque de bactériémie (présence de bactérie dans la circulation sanguine), donc de septicémie. Par ailleurs, une infection qui ne guérit pas malgré un traitement antibiotique est un signe d’alerte, car certaines bactéries résistent à ce traitement et induisent souvent un sepsis.
L’utilisation d’aiguilles usagées et/ou non stérilisées est une grande menace d’introduction de bactéries dans le sang. C’est presque toujours le cas des personnes qui se droguent par injection. En plus, ces personnes prennent un grand risque d’être atteintes de maladies immunodéficiences comme l’infection du VIH qui réduisent la capacité de défense de l’organisme.
Fréquence
En France, près de 300 000 cas de septicémie due aux bactéries sont dénombrés chaque année, dont 60 000 décès. La moitié des cas se contractent lors d’une hospitalisation. Les cas d’origine virale (à cause des virus) et fongique (à cause des champignons) ne sont pas compris dans ce chiffre.
Le choc septique est deux fois plus mortel, 50% des victimes en décèdent.
Sur le plan mondial, un peu moins de 50 millions de personnes sont atteintes de sepsis, dont 50% d’entre elles sont des enfants. Dans les pays en voie de développement, beaucoup de femmes qui viennent d’accoucher attrapent cette maladie. 1/5 des décès dans le monde est la conséquence de la septicémie.
La septicémie entraine de la fièvre, un essoufflement, une tachycardie ou arythmie et souvent une grande transpiration. Au dépistage, une augmentation anormale de nombres de globules blancs est constatée.
D’autres symptômes associées à l’infection peuvent apparaitre, notamment des toux, des douleurs pulmonaires, de la diarrhée, etc.
Les signes augmentent quand la septicémie s’aggrave. Le malade peut montrer un manque de concentration, voire de la confusion, avoir la peau chaude ou une baisse anormale de la tension artérielle.
Selon l’organe atteint, d’autres symptômes se montrent quand le pronostic vital est engagé : détresse respiratoire, troubles digestifs ou urinaires, etc. Les doigts et les orteils deviennent alors froids et changent de couleur. Les bras et les jambes portent une cyanose. C’est généralement le cas lors d’un choc septique.
Le choc septique entraine une diminution de la tension artérielle et une formation de caillots dans les veines qui sont à l’origine de diverses complications.
En effet, le débit de sang qui circule devient insuffisant et affaiblit les organes tels que les poumons, le cerveau, les reins et le cœur.
Le rythme cardiaque s’accélère pour compenser le manque, mais n’y arrive pas, car il est affaibli par la présence des bactéries. Les organes en manque de sang produisent des déchets (notamment un excès d’acide lactique, dont voici le dosage normal) qui favorisent l’acidose.
La fragilisation des parois des artères par les bactéries risque de les rompre et de faire sortir les liquides organiques qui vont entrer dans les tissus. Des œdèmes se forment alors.
Les reins touchés n’assurent plus leur rôle de nettoyage et les déchets s’accumulent dans le sang. Les poumons sont gênés et la respiration devient difficile.
Tous ces dysfonctionnements de l’organisme peuvent entrainer des séquelles mortelles ou invalidantes comme la détérioration des sens cognitifs, une insuffisance rénale chronique, une gangrène des tissus qui peut aboutir à l’amputation du membre concerné.
La septicémie est donc une urgence médicale.
Analyse sanguine
Après l’examen clinique de rigueur, l’analyse du sang est le principal mode de détection de la septicémie. Elle confirme la bactériémie (présence de bactéries dans le sang) ou la présence d’autres agents infectieux et la hausse du taux de leucocytes. Elle peut aussi révéler le taux de déchets comme l’acide lactique dans la circulation sanguine à cause du dysfonctionnement des organes.
Analyse des liquides et des tissus
Pour en évaluer la gravité et déterminer les organes touchés, on peut passer par d’autres examens, notamment l’analyse des autres liquides de l’organisme et de certains tissus afin d’y détecter la présence de bactéries.
Imageries
Le médecin peut aussi prescrire des examens d’imagerie tels que l’IRM, la radiographie des poumons ou l’échographie, ainsi qu’une oxymétrie pour déterminer si les poumons et le sang reçoivent encore assez d’oxygène pour garder les vaisseaux sanguins en bon état.
Il est important de connaitre l’origine de l’infection, car le type d’antibiothérapie en dépend. Chez plus de la moitié des patients atteints de sepsis, elle commence dans le poumon. Dans 20% des cas, elle entre par le système digestif et hépatique et dans 10% des cas, elle est d’origine urinaire.
En cas de choc septique, les analyses se font toujours en premier lieu au niveau de ces organes.
Il est également possible que les agents infectieux s’introduisent par les matériels d’implant. Il est alors vital de les enlever le plus rapidement possible.
Toutefois, dans certains cas, il est impossible de déterminer la porte d’entrée des bactéries.
En attendant les résultats des analyses, la septicémie – et particulièrement le choc septique – est immédiatement traitée par des antibiotiques pour réduire le risque de décès si les médicaments tardent à venir dans l’organisme.
Les premiers soins sont toujours effectués à l’hôpital, en soins intensifs pour les cas les plus critiques.
Le médecin peut aussi prescrire l’ablation des tissus infectés ou morts, une réanimation liquidienne, le drainage de pus, une assistance de la fonction rénale, circulatoire ou respiratoire.
Le traitement à l’antibiotique dure généralement quelques jours, mais la période de convalescence dépend de la gravité de la septicémie et de l’organe touché.
La rapidité de la prise en charge est vitale en cas de septicémie. Un retard peut engendrer des séquelles graves et des complications comme une insuffisance cardiaque ou rénale, une nécessité d’amputation de membre, voire la mort.
40% des patients en réanimation meurent en effet de choc septique.
Le taux de guérison dépend aussi de la réaction de l’organisme au traitement, du nombre d’organes touchés et de la sévérité de l’atteinte de chaque organe.
L’état de santé général du patient, ainsi que la résistance ou non de la bactérie aux antibiotiques jouent un rôle important dans le pronostic de guérison.
Hygiène
La prévention la plus facile et pourtant efficace pour éloigner un grand nombre de bactéries est de suivre la règle d’hygiène de base :
Il est nécessaire de faire bouillir l’eau si elle vient du puits ou d’une origine douteuse. Dans certains pays, boire l’eau du robinet est aussi déconseillé. Pour les adeptes du voyage et de l’aventure, il vaut mieux se munir d’eau en bouteille cachetée.
Vaccination
Il ne faut pas non plus négliger les vaccins conseillés par les autorités de santé : contre la Covid-19, contre l’haemophilus influenza, contre la méningite, contre la rougeole etc. pour les adultes, et la mise à jour sans tarder du carnet de vaccination des enfants.
Bien nettoyer les plaies
Dès qu’une plaie apparait sur le corps, il faut la nettoyer avec un antiseptique pour éviter une infection. Si elle ne cicatrise pas naturellement après quelques jours, elle doit être observée par un médecin.
Surveiller les signes d’infection
Toute manifestation d’une éventuelle infection doit être suivie de près et emmenée chez le médecin. C’est le cas d’une toux persistante, de l’apparition de ganglion, de douleurs dans la poitrine ou au niveau des organes vitaux, d’une fièvre, surtout si elle dure plus de 3 jours, notamment chez les bébés.