Dr. Holi Rajery - Linkedin
L’aide au suicide signifie fournir les moyens et les opportunités nécessaires au suicide d’une personne. Il importe de faire la différence entre « aide au suicide » et « euthanasie ». Dans le premier cas, un tiers aide la personne à se suicider, qui agit de son propre chef pour aller jusqu’au bout de son projet en connaissance de cause à cause d’une maladie incurable et éviter l’acharnement thérapeutique inutile.
En revanche, quand on parle d’euthanasie, une tierce personne agit et donne la mort à une autre en stade avancé de maladie ou en fin de vie. Selon les professionnels de santé, cette action est basée sur la compassion, tout en faisant en sorte de minimiser les impacts négatifs. On doit également faire la différence entre « aide au suicide simple » et « aide au suicide médicalisé ».
Le suicide assisté est moralement décrié par les religions, tandis que la loi est généralement muette à ce sujet dans de nombreux pays. Certains pourtant ont légalisé ou implicitement accepté cette pratique, à l’instar de certains États des États-Unis, du Canada, de la Belgique…
Selon un sondage IFOP pour la Croix et le Forum européen de Bioéthique, 89% des Français souhaitent que la législation actuelle sur le suicide assisté soit améliorée et renforcée en France. Ainsi, 18% des personnes interrogées sont en faveur de la légalisation du suicide assisté, 47% sont pour l’euthanasie et 24% pour les deux. Cette enquête date de 2018. Concrètement, la loi actuelle interdit encore le suicide assisté, mais différentes associations explorent cette possibilité sous certaines conditions.
La Suisse a été le premier pays à légaliser le suicide assisté médicalement ou non. Cette loi a été inscrite dans le Code pénal en 1942 et stipule que le suicide assisté est autorisé, mais uniquement en l’absence de « mobile égoïste », indépendamment du fait que la personne concernée soit en fin de vie ou non. L’incitation au suicide pour mobile égoïste est passible de lourdes peines, pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. Dans les faits, les médecins ne sont pas tellement en faveur de cette pratique et laissent l’initiative à diverses associations militantes. Le 6 février 2020, la conférence des chefs des départements cantonaux de justice et de police s’est accordée sur le fait que le droit au suicide assisté devrait être étendu aux prisonniers.
Aux Etats-Unis, les avis divergent et chaque État a élaboré sa propre loi à ce sujet. Dans l’Oregon par exemple, le suicide médicalement assisté est autorisé depuis 1998, mais il doit s’effectuer sous certaines conditions. La personne concernée doit passer devant un comité médical qui juge de sa lucidité et de sa volonté de mourir. Le comité ne lui accorde une audience que si elle est en fin de vie, précisément si les médecins ne lui donnent que six mois à vivre tout au plus. Le suicide assisté est également autorisé dans les Etats de Washington, Californie, Montana et Vermont.
Aux Pays-Bas, le suicide assisté est toujours considéré comme un crime, mais une loi du 12 avril 2001 apporte une dérogation à la règle. Cette loi stipule que les médecins sont dégagés de toutes poursuites si le suicide assisté se déroule sous des conditions précises, c’est-à-dire lorsque les soins palliatifs disponibles ont été épuisés et n’ont donné aucun résultat. À ce moment-là, terminer sa vie dans la dignité est autorisé. Les discussions sur l’euthanasie sont toujours en cours, notamment au niveau du ministère de la Santé, qui sollicite les avis de tout le monde.
Au Canada, une décision de la Cour Suprême du 6 Février 2015 s’est penchée en faveur du suicide assisté, ce qui a rendu légale cette pratique depuis le 17 juin 2016. Le Comité sénatorial spécial sur l’euthanasie et l’aide au suicide a fait une grande différence entre ces deux pratiques. Dans l’euthanasie, l’agent qui donne la mort est une tierce personne, tandis que dans le suicide assisté, c’est vraiment la personne concernée qui agit pour se donner la mort.
En Italie, une décision de justice du 25 septembre 2019 a dépénalisé le suicide assisté, mais sous certaines conditions. Le patient doit donner son consentement si et seulement si sa maladie est incurable et cause des souffrances insupportables. Le suicide doit se dérouler sous le contrôle des autorités de la santé publique.
Le cas de l’Allemagne est un peu spécial puisque la Cour constitutionnelle a censuré une loi qui a interdit le droit au suicide assisté par des médecins ou associations. Pour le président de la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe, le droit de choisir la mort doit être reconnu aux malades en phase terminale.