Dr. Holi Rajery - Linkedin
Le système respiratoire commence par les voies aériennes supérieures qui englobent le nez (par où l’air entre), le pharynx et le larynx. L’air descend ensuite dans la trachée pour rejoindre les bronches et les alvéoles.
La bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO est une maladie de l’appareil respiratoire causée par une occlusion ou une inflammation chronique au niveau des bronches. Cette inflammation progresse et s’empire au fil du temps s’il n’y a aucun traitement.
Cette maladie qui est provoquée principalement par le tabagisme est la 3e cause de décès et la 7e cause de mauvaise santé dans le monde, selon la mesure en années de vie ajustées sur l’incapacité. Cette maladie apparait dans le plan d’action mondial de l’OMS et du programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies afin d’améliorer le diagnostic et le traitement. Jusque-là, elle ne figure pas encore dans cette liste de pathologies mortelles les plus graves.
La bronchopneumopathie chronique obstructive entraine la dégradation des alvéoles et des canaux alvéolaires. C’est une maladie due à l’occlusion permanente des bronches qui sont le chemin de l’air pour aller vers les poumons ou en sortir.
Elle provoque entre autres des toux, un essoufflement à l’effort, voire une bronchite récidivante. Selon son degré de gravité, elle peut être :
Ces 2 formes sont souvent constatées simultanément chez les malades.
Causes et facteurs de risque
Le tabagisme, actif ou passif, est à l’origine des 80% des cas de la BPCO, il en est la cause principale.
Au stade avancé de la maladie, on constate que la victime est généralement un fumeur depuis des dizaines d’années avec une quantité quotidienne d’un paquet classique de 20 tiges de cigarettes.
Les femmes enceintes qui fument font aussi encourir de grands risques à leur bébé d’attraper cette maladie.
D’autres facteurs sont également en cause dans une moindre mesure, dont les métiers :
La pollution dans un lieu fermé ou ouvert, ainsi que les facteurs génétiques comme le déficit en alpha-1-antitrypsine, une maladie congénitale rare, mais grave, qui se manifeste notamment par un emphysème sont des facteurs non négligeables. Les maladies pulmonaires ou respiratoires fréquentes durant l’enfance (asthme…) en font aussi partie.
Physiopathologie
Une BPCO est provoquée par le rétrécissement des voies respiratoires dû à une inflammation, à des sécrétions ou à la destruction des poumons.
Les protéases sont des enzymes naturels qui détruisent d’autres protéines dans l’organisme. Leur activité est limitée, grâce aux antiprotéases.
Une inflammation dans les voies respiratoires et les alvéoles est provoquée par les éléments nocifs inhalés en permanence (fumée, poussière, gaz toxique…). Cette inflammation entraine un déséquilibre des activités des 2 enzymes, augmentant celle des protéases et réduisant celle des antiprotéases. Le tissu et l’élastine des poumons sont alors détruits, la sécrétion de mucus devient exagérée et finit par obstruer les voies respiratoires.
La diminution et l’occlusion des voies respiratoires sont dues à un excès de production de mucus. Les facteurs de cet excès de production sont entre autres un œdème, une inflammation ou une modification au niveau des voies respiratoires. Ils peuvent se manifester ensemble ou séparément.
Avec le rétrécissement des voies respiratoires, les parois alvéolaires sont détruites, les alvéoles se collent entre elles et forment des bulles d’au moins 1cm de diamètre (avec ou sans des parcelles de tissu pulmonaire). Le poumon perd son élasticité, s’enflamme gravement, devient alors un emphysème sévère et finit par se détruire.
Fréquence
Chaque année, un peu moins de 10% d’adultes de plus de 45 ans sont atteints de la BPCO en France, on y recense annuellement 18 000 décès.
Entre 2000 et 2014, de 100.000 à 150.000 personnes ont été hospitalisées.
En 2010, les statistiques ont donné plus de 7% de la population victime de la BPCO, soit environ 3,5 millions de personnes.
En 2015, 150.000 traitements en oxygénothérapie de longue durée ont été effectués auprès de 150.000 personnes de plus de 45 ans.
En 2017, selon la région, 100.000 à 170.000 patients de la BPCO ont été hospitalisés et au total 17.000 sont décédés.
Le nombre de cas est en constante augmentation, notamment chez les femmes où la consommation de tabac a augmenté. De 28/10.000 patientes en 2006, elles ont augmenté à 41/10.000 en 2015.
Ces chiffres pourraient être très inférieurs à la réalité, car de nombreux cas ne sont pas diagnostiqués.
La BPCO reste sans symptôme pendant des années jusqu’à ce que des toux chroniques et des expectorations commencent à se manifester. Le malade s’essouffle lors d’effort physique.
Ces manifestations sont souvent négligées, les patients pensent que c’est l’effet de la cigarette. Elles s’aggravent progressivement et peuvent devenir invalidantes, voire mortelles.
Quand les symptômes apparaissent, la maladie n’est plus à ses débuts, la prise en charge est donc urgente. Voici les signes auxquels il faut faire attention :
Au stade avancé, d’autres signes plus graves se manifestent :
L’évolution de la BPCO se mesure par le VEMS (volume maximale expiatoire en 1 seconde) qui détermine la gravité de l’obstruction des bronches. Ce volume d’air expiré à la 1re seconde d’expiration est testé par spirométrie (cf. IV Dépistage et diagnostic) après une courte respiration avec bronchodilatateur. Plus le volume d’air est réduit, plus la maladie est grave.
D’autres caractéristiques sont incluses dans la détermination du stade de la maladie, notamment la difficulté respiratoire à l’effort, la capacité à faire du sport et la réduction des apports nutritionnels.
Voici les stades de la bronchopneumopathie chronique obstructive :
En plus de l’évolution par stade, des crises peuvent survenir tout au long de la maladie, au moins tous les 6 mois, où les symptômes sont exacerbés.
La spirométrie est la méthode de diagnostic principale de la BPCO. Il s’agit de mesurer le volume maximal expiratoire en 1 seconde (VEMS) à l’aide d’un matériel appelé spiromètre. Le patient respire dans ce matériel composé d’un embout relié à un dispositif de mesure de débits d’air. Voici le déroulement de la spirométrie.
Le volume d’air expiré faiblit à mesure que les voies respiratoires sont obstruées, et ce malgré l’usage d’un bronchodilatateur avant la respiration.
Cet examen permet donc de détecter une maladie pulmonaire et de diagnostiquer son stade, notamment pour la BPCO.
Tout personnel médical formé peut effectuer une spirométrie, mais seul un médecin, idéalement un pneumologue, peut établir le diagnostic.
La radiographie est utile pour détecter un thorax distendu, des côtes plus horizontales, des coupoles diaphragmatiques rétrécies ou un emphysème.
Le scanner permet de renforcer un diagnostic incertain ou de voir s’il s’agit d’une autre maladie bronchopulmonaire, comme le cas d’un cancer.
Il est destiné particulièrement aux personnes jeunes qui ne fument pas, généralement génétiquement prédisposés.
Les médecins préconisent souvent des diagnostics différentiels pour s’assurer que ce n’est pas une autre maladie avec des symptômes similaires.
Pour la BPCO, ce procédé est nécessaire pour ne pas la confondre avec l’asthme, voici un dossier complet. En effet, de nombreux signes sont identiques pour les 2 maladies : des manifestations de crises aiguës, des sifflements, des toux et une difficulté respiratoire. La différence de l’asthme est sa manifestation nocturne fréquente et une période asymptomatique plus ou moins longue.
NB : Les 2 maladies peuvent cohabiter chez un patient. Le second diagnostic différentiel est l’insuffisance cardiaque.
Les recherches médicales n’ont pas encore permis de trouver un traitement pour la guérison complète de la BPCO. Cependant une bonne prise en charge réduit de manière significative les manifestations et ralentit l’aggravation de la maladie. Plusieurs soins sont associés pour être efficaces.
1- Le sevrage tabagique est la première recommandation. Le patient doit éviter tout contact avec la fumée de tabac ou d’autres produits nocifs.
2- La médication
3- La réhabilitation respiratoire
La réhabilitation respiratoire ou réadaptation pulmonaire est préconisée pour les patients au stade modéré à sévère qui font une dyspnée à l’effort. Elle consiste à faire des exercices pour augmenter l’endurance, réduire l’essoufflement, renforcer les muscles et maintenir l’équilibre en station debout. Les exercices sont complétés par des séances de kinésithérapie respiratoire, une éducation nutritionnelle, l’apprentissage des méthodes de traitement, etc.
4- L’oxygénothérapie
Elle est effectuée quotidiennement en cas d’insuffisance respiratoire chronique au stade sévère de la maladie. Elle doit être de longue durée (au moins 15 heures) pour permettre une respiration la plus normale possible au malade.
5- La chirurgie
Elle est spécifique à la BPCO sévère pour atténuer les symptômes handicapants.
6- Les exercices physiques
Ils sont nécessaires pour réduire l’aggravation de la maladie, mais doivent être adaptés au cas de chaque patient.
L’atteinte d’une BPCO nécessite de s’adapter à un mode de vie particulier pour avoir toutes les chances de freiner au maximum l’évolution de la maladie :
Un patient peut continuer à travailler tant que sa maladie ne le handicape pas. À mesure que sa maladie évolue, il doit exercer une profession adaptée à sa condition selon son intensité d’essoufflement, sa force physique, la pollution de son environnement, etc.
Il est vital de connaitre son niveau de VEMS et son taux d’oxygénation dans le sang au repos avant de faire un long trajet, dans le cas d’un voyage. Il faut au préalable apprendre à reconnaitre et à gérer tout début d’exacerbation respiratoire pour être prêt à tout moment.
Selon le stade de la maladie, un voyage en avion peut nécessiter une mise sous oxygène durant tout le trajet pour éviter une hypoxie (manque d’oxygène dans le sang), car l’altitude réduit fortement le taux d’oxygène environnant.
La prévention principale de la BPCO est d’éviter le tabagisme actif et passif. Un fumeur diagnostiqué positif doit arrêter au plus tôt pour réduire l’évolution rapide de la maladie.
Un fumeur qui n’est pas encore atteint de la BPCO doit arrêter le tabac. En effet :
Les exercices physiques (cardio) sont aussi des préventions efficaces contre les maladies respiratoires et pulmonaires.
Il est aussi indispensable de s’informer sur la pollution de son environnement de travail et de prendre les meilleures mesures possibles pour éviter les effets des poussières, des gaz et des vapeurs nocifs.
Un dernier conseil non négligeable est d’adapter ses vêtements à la météo pour éviter l’excès de chaleur ou les coups de froid. Le port de vêtements serrés au ventre et à la poitrine est déconseillé, car ils gênent la respiration.