Dr. Holi Rajery - Linkedin
Le choc allergique, appelé choc anaphylactique, est une très forte réaction d’allergie, pouvant être fatal, quoique rarement. 5% des personnes allergiques, en majorité des adultes, sont touchées par une réaction anaphylactique qui constitue une urgence médicale.
Les soins doivent être immédiats, surtout pour les personnes âgées atteintes de maladies chroniques. L’EHPAD constitue donc un bon choix dans le cadre des soins palliatifs pour un meilleur suivi des patients.
Dans la majorité des cas, la victime a déjà été exposée au moins une fois à un allergène, souvent sans le savoir, avant de manifester un choc anaphylactique. En effet, une première exposition ne produit généralement pas cette réaction.
Tous les produits peuvent provoquer une allergie, même l’environnement où on se trouve. Cependant, les plus connus sont les médicaments pour les anesthésies générales.
Il existe 2 types de réactions, dont anaphylactique qui est provoquée par les IgE et anaphylactoïde qui est provoquée par d’autres facteurs, mais il est difficile de faire la différence lors des manifestations.
Les IgE (immunoglobulines E) sont des anticorps générés par les globules blancs de type lymphocyte B, s’il y a une réaction à un allergène.
Le choc anaphylactique est une manifestation allergique soudaine et violente à un allergène, qui peut être mortelle. Des médicaments, des aliments, une matière comme le latex, des piqûres d’insectes ou même un effort physique trop soutenu (généralement après la consommation de produit un peu allergène) peuvent être allergène.
Le risque de mortalité existe, mais très faible, environ 0,3%.
Causes et facteurs de risque
Dans plus de 60% des cas, la réaction anaphylactique est provoquée par des aliments, notamment le lait (et parfois ses produits dérivés), les œufs, les fruits de mer, les noix et certains fruits.
Les médicaments peuvent aussi être source de violentes réactions allergènes, à savoir les anti-inflammatoires, les antibiotiques, les bêtabloquants et les vaccins. Le plus à craindre est le curare contenu dans les anesthésies générales, utilisé pour provoquer un relâchement musculaire. Le cas se présente 1 fois sur 20.000 opérations.
Certaines personnes ne supportent pas les piqûres d’insectes comme les guêpes, les frelons et les abeilles.
Il a été constaté que le latex est une matière particulièrement allergène et provoque aussi un choc anaphylactique dans une moindre mesure (environ 4% des cas).
Les facteurs de risque peuvent être catégorisés en 2 :
1- Les facteurs de risque de sévérité sont :
2- Les facteurs de risque de comorbidité sont :
Hérédité
La prédisposition à l’allergie dépend en grande partie du système HLA (human leucocyte antigen) composé de protéines qui détectent les particules étrangères à l’organisme et collabore ainsi avec le système immunitaire. Ces protéines sont très diversifiées selon les personnes et sont génétiquement transmises par les 2 parents. Certains types sont responsables de réactions allergiques.
Des études ont permis de découvrir la sensibilité de certaines populations à des médicaments particuliers. Par exemple, les personnes de race blanche sont généralement plus à risque d’allergie à l’abacavir, un traitement contre le VIH. Les Chinois quant à eux sont plus sensibles à la carbamazépine, un médicament contre l’épilepsie.
Physiopathologie
Il y a 2 grandes classes de mécanisme des réactions anaphylactiques :
Elles se manifestent en 3 étapes : quand la personne s’expose une fois à l’allergène, cela provoque la sécrétion d’IgE spécifique qui va se mettre sur les mastocytes et les polynucléaires basophiles. Cela peut être symptomatique ou non.
Une deuxième exposition à ce même allergène le conduit à se fixer sur les IgE et entraine la libération de substances pro-inflammatoires (médiateurs inflammatoires). Les réactions se multiplient.
La libération des médiateurs inflammatoires augmente, la réaction allergique aussi, qui peut alors devenir spectaculaire.
Les médiateurs inflammatoires se libèrent immédiatement au contact de l’allergène, par exemple lors d’un effort physique intense.
Fréquence
Des études épidémiologiques évaluent le taux de prévalence de l’anaphylaxie à environ 50 pour 100 000 habitants en France. Cette estimation serait en dessous de la réalité, car les symptômes ou/et les allergènes ne sont pas toujours identifiés. On sait cependant que l’incidence est en croissance chaque année pour toutes les catégories d’âge.
Selon l’OMS, l’anaphylaxie est aujourd’hui la 4e maladie chronique la plus répandue dans le monde après l’infection VIH, les maladies cardiovasculaires et la néoplasie. Elle est en constante augmentation dans les pays développés. En 25 ans, les cas ont plus que doublé et les cas graves ont augmenté 4 à 5 fois plus.
Une réaction anaphylactique survient généralement dans les 15 minutes après l’exposition à l’allergène. Les symptômes sont variables d’une personne à une autre, ils peuvent être sévères ou légers.
Des urticaires ou de la rougeur apparaissent sur la peau. Un œdème de Quincke apparait sur le visage (les lèvres ou les yeux), source de gonflement.
La tension artérielle peut baisser ou augmenter brusquement et les battements cardiaques s’accélèrent.
Le malade peut ressentir un vertige, des nausées, des douleurs abdominales, des diarrhées, voire une perte de conscience si le cas s’aggrave rapidement.
Il peut aussi être victime de troubles respiratoires ponctués par des toux, des éternuements, une dyspnée ou des sifflements dus à un œdème de Quicke laryngé (dans les voies respiratoires). Une intervention médicale est urgente dans ce cas pour éviter un probable décès par asphyxie.
Une surveillance permanente est de rigueur au moins jusqu’à 8 heures après l’exposition à l’allergène, car les signes peuvent revenir avec une intensité plus ou moins sévère, pouvant même, dans de rares cas, être mortels.
Les symptômes d’allergie évoluent plus ou moins rapidement selon le stade ou la gravité de l’atteinte. Les réactions sont mesurées selon la classification de Ring et Messmer.
Au niveau 1 : les manifestations sont des urticaires et/ou des rougeurs avec démangeaisons, des œdèmes sur le visage ou les muqueuses
Au niveau 2 : les manifestations cutanées et les gonflements s’accompagnent d’accélération cardiaque et/ou de chute de tension dans moins de 30% des cas, de troubles respiratoires (toux, nausée, difficulté respiratoire) et de douleurs abdominales à cause des œdèmes dans les viscères.
Au niveau 3 : les signes des stades précédents sont renforcés par une perte de connaissance, des vomissements ou des diarrhées, des arythmies cardiaques, une tachycardie passagère ou persistante qui peut provoquer un arrêt cardiaque, dont voici un dossier complet ou une bradycardie, des contractions musculaires au niveau des bronches (bronchospasme) à cause de l’atteinte plus sévère des viscères.
Au niveau 4 : la respiration s’arrête (asphyxie), le sang ne circule plus.
On reconnait aisément une anaphylaxie dès le déroulement du diagnostic clinique durant lequel le médecin constate l’état extérieur du patient et recueille ses réponses lors de l’interrogatoire.
Comme les réactions peuvent évoluer rapidement, le médecin prescrit immédiatement les traitements avant tout examen complémentaire, qui s’avère d’ailleurs généralement inutile.
Si les symptômes sont assez modérés, il est tout de même possible de confirmer le diagnostic par des prises de sang pour évaluer l’augmentation du taux de tryptase et par des tests urinaires pour vérifier une éventuelle hausse du N-méthyl-histamine.
Une injection d’adrénaline est le premier geste de prise en charge en cas d’urgence. Elle est réalisée en sous-cutanée, en intramusculaire ou en intraveineuse. Dans certains cas, la piqûre se fait dans un os. Tous les symptômes sont atténués grâce à ce traitement qui peut être renouvelé en cas de nécessité.
Toutefois, en cas de grande difficulté respiratoire, le médecin prescrit des bêta-agonistes à inhaler pour dégager les voies respiratoires. L’intubation de sonde respiratoire peut aussi être indispensable pour améliorer l’apport d’oxygène.
Si la tension du patient chute, on introduit par le biais de ce tube de l’adrénaline ou des médicaments vasoconstricteurs qui augmentent la tension. En effet, les vasoconstricteurs rétrécissent les artères, ce qui augmente la pression artérielle.
Des antihistaminiques H1 et H2 sont prescrits jusqu’à ce que tous les symptômes disparaissent.
L’administration de corticoïde est parfois effectuée pour empêcher les symptômes de réapparaitre.
Selon le cas du patient, le médecin prescrit du prednisolone et des antihistaminiques H1 durant quelques jours pour empêcher une récidive.
Si le stade de manifestation a été sévère la première fois, le médecin peut ordonner de l’adrénaline que le patient s’injectera lui-même en cas de récidive, à condition de bien apprendre comment faire. Se former sur le protocole d’action n’exclut cependant pas de se rendre immédiatement chez le médecin dès une nouvelle manifestation de symptômes.
Le malade doit aussi posséder une trousse d’urgence dédiée si les réactions réapparaissent.
Un rendez-vous auprès d’un allergologue est indispensable pour effectuer un bilan afin d’identifier l’allergène. Ce spécialiste peut également prescrire un traitement de désensibilisation et une éviction de l’allergène. A rappeler que ce spécialiste est remboursé par la sécurité sociale à hauteur de 70%, voici 4 stratégies pour maîtriser vos coûts de santé après 70 ans grâce à une bonne mutuelle.
Une personne allergique doit adapter son quotidien et son environnement selon son état. Les aliments et autres produits allergènes sont à proscrire. Pour les enfants, les responsables de l’établissement scolaire doivent être prévenus des éventuelles précautions à prendre.
Le seul moyen de prévenir l’anaphylaxie est d’identifier l’allergène.
Pour détecter une allergie aux médicaments anesthésiques, des intradermoréactions sont effectuées avec des solutions en pharmacie diluées dans du sérum physiologique phénolé, préparé juste avant l’injection.
Pour les curares et les morphines, la dilution est de 1/10.000e. Pour les autres médicaments, elle est de 1/1.000e. En cas de résultat négatif, une autre injection est réalisée après 20 minutes en augmentant un peu la concentration selon des indications médicales précises.
Si le patient est identifié allergique au latex, son intervention chirurgicale se fera sans usage de latex. Le milieu médical doit aussi détecter au préalable une éventuelle allergie au désinfectant ou à d’autres médicaments comme les analgésiques.