Dr. Holi Rajery - Linkedin
La Dermohypodermite (DHD) ou érysipèle est une infection cutanée qui touche le derme et l’hypoderme, elle est due à l’introduction de bactéries par une lésion sur la peau et peut être traitée par la prise d’antibiotiques.
Ces infections sont assez rares avec 0,3 à 7 cas sur 100 000 habitants dans le monde. En France, les statistiques indiquent près de 3 cas sur 100 000 habitants.
La Dermohypodermite Bactérienne est le plus souvent Non Nécrosante (DHBNN). Cependant, sans traitement précoce et adapté (par antibiothérapie et dans certains cas par chirurgie), elle risque d’évoluer en DHBN (Dermohypodermite Bactérienne Nécrosante) et devenir mortelle dans 6 à 40 % des cas. Nous abordons surtout le cas de la DHBN dans cet article.
La dermohypodermite bactérienne nécrosante profonde (DHBN) est une maladie de la peau, aussi dangereuse que le cancer de la peau si elle n’est pas traitée, qui peut atteindre la surface superficielle, les tissus sous-cutanés jusqu’aux fascias et au tissu adipeux. Elle ne touche pas les muscles si le traitement se fait rapidement.
Définition
La DHBN-FN ou dermohypodermite bactérienne nécrosante fasciite nécrosante est une affection cutanée sévère provoquée par des bactéries, aussi bien aérobies qu’anaérobies, qui envahissent le derme, l’hypoderme et le fascia.
Les tissus du périnée et des membres sont les principales cibles de cette maladie. Ils deviennent alors boursouflés, chauds avec des inflammations, comme une cellulite sévère, visibles sur la peau. Ces manifestations s’accompagnent de grande douleur.
Comme son nom l’indique, cette affection se présente sous 2 formes cliniques :
Cette maladie est une urgence médicale et doit être prise en charge rapidement, car les chances de guérison dépendent de la rapidité du traitement. Elle entraine le décès dans 30% des cas.
Causes, fréquence et facteurs de risques
La dermohypodermite (DHD) apparaît sur une peau qui comporte une blessure dans 60 à 80% des cas. Même une très petite plaie peut servir de porte d’entrée aux microbes qui atteignent les couches profondes de la peau en provoquant une inflammation. La plaie peut être ouverte ou fermée, de tous les types :
Gonflement veineux ou lymphatique
Le streptocoque est la bactérie qui cause à plus de 80% des cas la DHBN, notamment le streptocoque bêta hémolytique du groupe A et parfois des groupes B, C ou G.
Il entre par la plaie, atteint les couches cutanées profondes, dont le derme et l’hypoderme, puis touche les tissus.
Comme l’hémoculture n’est pas très efficace pour reconnaitre les germes, le personnel médical les recueille directement par aspiration avec une aiguille pour les observer.
Une étude canadienne effectuée de 1991 à 1995 a donné des statistiques assez précises. Des facteurs généraux ont provoqué 62 % des cas, ils sont catégorisés comme suit :
Certains facteurs locaux ont également été répertoriés :
D’autres facteurs ont aussi été trouvés par des recherches dans d’autres pays :
La recherche a permis de constater que 34 % des patients étaient décédés à cause de facteurs aggravants : l’âge (plus de 60 ans), une hypotension ou une bactériémie.
Physiopathologie – mécanisme
La DHBN-FN est dite nécrosante à cause d’une obstruction des petits vaisseaux sous-cutanés qui entraîne une lésion hémorragique et une nécrose de la peau. Cette nécrose multiplie les agents anaérobies stricts d’origine inflammatoire. Le métabolisme anaérobie produit de l’hydrogène et de l’azote qui restent dans les tissus sous-cutanés, car ils sont insolubles, ce qui entraine la gangrène.
L’incubation de la maladie est de 6 à 72 heures.
Les premiers signes sont :
Si la prise en charge ne se fait pas dans les heures qui suivent, les manifestations évoluent vers la nécrose.
Les différents types de DHBN
On peut distinguer 2 principaux types de DHBN-FN :
Il ne faut jamais négliger les symptômes de la dermohypodermite bactérienne même s’ils ne se manifestent pas tous en même temps ou s’ils paraissent bénins. En effet, dans certains cas, l’évolution peut être rapide et se transformer en complication.
Ils peuvent être locaux (sur la partie concernée) et généraux (touchant tout le corps).
Les symptômes locaux sont :
Les symptômes généraux sont :
Certains de ces signes indiquent la gravité de la maladie ainsi que l’engagement du pronostic vital et de la fonction du membre atteint.
La DHBN ou la FN (fasciite nécrosante) est difficile à détecter, car les premiers signes ressemblent à ceux de l’érysipèle non nécrosante. Certains signes peuvent cependant alerter :
Quand la DHB est nécrosante, ces signes locaux peuvent s’aggraver en quelques heures et ce, malgré un traitement par antibiotique.
Examen clinique
L’examen clinique n’est pas toujours efficace, car la manifestation de signes locaux précis comme le sepsis n’est présente que sur 30% des patients.
Les autres symptômes de complication se confondent souvent avec ceux d’autres maladies ou états déjà présents chez le patient : diabète, immunodépression, etc.
D’autres sont similaires à ceux d’une dermohypodermite bactérienne non nécrosante.
Cette consultation est cependant nécessaire pour déterminer qu’il s’agit bien d’une dermohypodermite et d’avancer dans d’autres examens pour avoir plus de précision.
Examen radiographique
Les examens doivent être effectués le plus tôt possible pour ne pas retarder les traitements. Les plus urgents sont :
Dans le cas où certains examens n’ont pu être effectués rapidement, l’opération chirurgicale doit toujours être réalisée dès qu’une complication se manifeste.
Traitements et prise en charge
Les DHBN-FN peuvent être mortelles. Le pronostic vital dépend en grande partie de la précocité du diagnostic et des traitements, dont les principaux objectifs sont :
la prise d’antibiotiques à large spectre pour lutter le plus efficacement possible contre les bactéries streptococciques avant toute opération
Traitements médicamenteux
Les antibiotiques sont les principaux médicaments prescrits en cas de DHBN-FN. La prise en charge d’urgence recommande une antibiothérapie à large spectre. Le médecin effectue une autre consultation après 2 ou 3 jours pour voir s’il faut modifier ou renforcer le traitement.
L’antibiothérapie dure 2 à 3 semaines selon le cas.
Traitements chirurgicaux
La précocité de la prise en charge chirurgicale améliore grandement le pronostic de guérison. La chirurgie consiste à :
Cas particuliers :
Dans les cas les plus graves, l’équipe médicale décide d’amputer le membre atteint.
Autres traitements
Une oxygénothérapie hyperbare est prescrite en cas de gangrène gazeuse clostridiennes.
Si le patient est atteint de choc streptococcique, le médecin peut décider d’administrer des immunoglobulines polyvalentes pour renforcer les anticorps.
Le suivi est primordial après le traitement, particulièrement après une opération chirurgicale. Il faut :
La salle d’opération doit être nettoyée, aseptisée et drainée après chaque opération.
La meilleure prévention est l’hygiène, notamment celle de la peau.
Une blessure cutanée doit être nettoyée avec de l’eau et du savon, elle doit être recouverte d’un pansement stérile pour éviter l’introduction de bactéries.
Les plaies ouvertes peuvent être traitées avec de la vaseline pour empêcher la peau de se déshydrater. Cette pommade sert aussi de barrière mécanique à l’introduction des bactéries.
Par contre, les pommades antibiotiques ne sont pas conseillées sur les blessures non infectées, car elles risquent de développer une allergie ou une résistance à l’antibiotique.
La DHB présente un risque de récidive de 30% en 3 ans et de 12% en 6 mois. La cause est le retard ou l’insuffisance de la prise en charge lors de la précédente manifestation. Une prise en charge précoce et adaptée est donc primordiale.
Il est aussi essentiel de traiter les facteurs de risque, dont les plaies, le lymphœdème et l’obésité. Il est donc conseillé de pratiquer du sport, même le débuter après 60 ans pour réinventer le bien-être avec la marche quotidienne.
Certains facteurs ne sont pas toujours contrôlables et provoquent plus d’une récidive en une année. Le médecin peut dans ce cas indiquer une antibioprophylaxie avec une durée variable selon les facteurs.