Dr. Holi Rajery - Linkedin
Les douleurs ressenties au niveau de la poitrine ne doivent jamais être négligées, car elles peuvent être des symptômes d’une maladie cardiaque, dont la plus courante et la plus grave est la cardiopathie ischémique (CI).
La cardiopathie ischémique ou maladie coronarienne est la première cause de décès et une des priorités médicales dans les pays développés. Cette maladie englobe les troubles cardiaques provoqués par une athérosclérose, c’est-à-dire le rétrécissement des vaisseaux coronaires qui empêche le sang de bien circuler (ischémie) et d’apporter la quantité d’oxygène nécessaire au muscle du cœur (myocarde).
L’équilibre entre l’apport et le besoin en oxygène du muscle cardiaque dépend de plusieurs éléments, notamment le débit sanguin coronarien, la capacité du sang à transporter de l’oxygène, la fréquence cardiaque, la contractilité du myocarde et la tension de la paroi.
La cardiopathie ischémique évolue rapidement, en commençant par une angine de poitrine instable et pouvant se terminer par un infarctus du myocarde, une des causes de l’AVC, le stade final qui est caractérisé par la mort (nécrose) des tissus au sein de la paroi cardiaque.
La cardiopathie ischémique se définit par une insuffisance circulatoire vers le myocarde qui provoque une insuffisance d’oxygène aux cellules du cœur. Ce ralentissement - voire l’arrêt brusque - de la circulation sanguine est causé par l’occlusion d’une artère coronaire par une plaque de cholestérol par exemple.
Cette maladie, dont l’infarctus du myocarde est sa forme grave, est une urgence médicale.
Causes et facteurs de risque
3 catégories de facteurs peuvent provoquer une IC.
On peut citer l’âge : plus de 50 ans chez les hommes et plus de 60 ans chez les femmes, l’obésité, le diabète, l’hypertriglycéridémie, l’hypertension.
Le sexe est aussi un facteur de risque, les hommes en sont les plus touchés, quoique le nombre de femmes atteintes est en constante augmentation. Il est d’ailleurs intéressant d’en connaitre davantage sur la sexualité au troisième âge.
Une mauvaise alimentation (trop de sucre, de gras et de protéines), le manque d’hydratation, le manque de sommeil ou le mauvais sommeil, le stress, le tabagisme, l’abus d’alcool et le manque d’activité physique sont autant de facteurs qui augmentent le risque de CI.
Un parent direct, notamment le père, la mère ou un collatéral ayant subi une maladie coronarienne est un signe d’hérédité de sensibilité aux problèmes cardiaques.
Physiopathologie
Des dépôts de graisse se forment dans la paroi des vaisseaux coronaires, provoquant leur obstruction, ainsi que l’atrophie des muscles. L’occlusion peut toucher une ou plusieurs artères, en partie ou totalement, brutalement ou lentement. Dans tous les cas, elle entraine l’arrêt de la circulation et l’insuffisance de l’apport de sang et d’oxygène dans le myocarde. Le cœur perd alors sa capacité de contraction temporairement ou de manière permanente.
Le syndrome coronarien aigu (SCA) est plus grave que le syndrome coronarien chronique, il peut faire suite aux faits suivants :
Fréquence
Chaque année en France, 100.000 à 120.000 personnes sont atteintes d’arrêt cardiaque, dont seulement 5% en sortent vivantes.
En 2021, 8,4 millions de patients ont été traités par médicament hypocholestérolémiant ou anti-hypertenseur à cause d’une maladie cardiovasculaire.
Une étude réalisée en France de 2013 à 2018 a rapporté ces chiffres : 1,5 million d’hospitalisations dues à une insuffisance cardiaque dont 4,7% âgés de 18 à 50 ans, un chiffre en augmentation significative pour cette tranche d’âge par rapport aux années précédentes.
En 2013, 34.000 personnes en sont décédées, dont 19.800 hommes et 14.200 femmes.
Les symptômes de la cardiopathie ischémique diffèrent selon la gravité de la maladie.
Une SCA est la forme la plus brutale et la plus grave de la cardiopathie ischémique. Elle peut se présenter comme une angine instable (si l’obstruction d’une artère coronaire est partielle) ou un infarctus du myocarde (si l’obstruction de l’artère coronaire est complète) qui peut se terminer par une mort subite.
Elle présente les mêmes symptômes qu’une angine de poitrine stable, mais les signes sont plus fréquents et plus durables avec un moindre effort. Elle peut redevenir stable ou au contraire évoluer en infarctus, voire en décès.
L’infarctus aigu du myocarde (IAM) est une urgence médicale. Le cœur n’est plus irrigué, car les artères sont complètement obstruées. Le muscle cardiaque devient nécrosé.
Il se reconnait généralement par un serrement intense dans la poitrine qui peut irradier vers l’épaule, le bras, le cou et la mâchoire. La douleur ne diminue pas et peut s’accompagner d’autres signes comme une nausée, une dyspnée, une transpiration, de la pâleur… intensifiés par la sensation d’angoisse.
Certaines personnes ne ressentent pas ces symptômes spectaculaires, elles peuvent juste percevoir une sensation de fatigue, un essoufflement ou une gêne dans le bras gauche. Il est même possible de ne pas avoir de symptôme du tout, particulièrement chez la gente féminine, les personnes diabétiques et/ou âgées.
Il est catégorisé en 2 types : SCA avec élévation du segment ST (caractérisé par une lésion ou nécrose de toute la paroi ventriculaire) et SCA sans élévation du segment ST (la nécrose ne touche que la partie sous-endocardique).
L’occlusion complète des artères coronaires provoque l’arrêt cardiaque qui peut entrainer rapidement la mort, notamment sans intervention dans les heures qui suivent. Découvrez notre dossier complet sur l’arrêt cardiaque.
C’est la forme la plus répandue de cardiopathie ischémique avec une sensation de douleur sourde, d’inconfort ou de compression au niveau de la poitrine et qui peut s’étendre vers l’estomac.
Elle est due à l’occlusion d’artères principales de la coronaire et se manifeste en cas de stress ou d’effort physique. Elle s’atténue progressivement au repos ou par l’administration de nitroglycérine.
Quand le syndrome coronarien devient chronique (SCC) le patient doit être médicalement suivi en permanence par différents spécialistes.
Contrairement au SCA, elle ne provoque pas la nécrose des tissus musculaires.
Grâce aux progrès dans les traitements des maladies cardiaques, 96% des patients atteints d’infarctus du myocarde peuvent vivre 1 mois de plus et 89% peuvent vivre plus de 1 an après l’attaque.
Le pronostic dépend cependant de la gravité de l’atteinte et d’autres critères comme le sexe, l’âge, la santé globale (présence ou non de diabète, de cholestérol), l’hygiène de vie (sédentarité, alimentation, tabagisme, consommation d’alcool…).
Comme toute maladie cardiovasculaire, une première crise laisse généralement des séquelles irréversibles et nécessite un suivi à vie.
Un examen clinique et une séance de questions-réponses sont les premiers éléments de diagnostic. Ils permettent au médecin de connaitre les symptômes et les circonstances de la manifestation.
Viennent ensuite les examens complémentaires de différents types.
D’autres méthodes moins invasives peuvent être utilisées pour détecter les anomalies telles qu’un angor vasospastique, une hypertrophie ventriculaire gauche, une ischémie silencieuse ou des arythmies cardiaques.
Il s’agit notamment de l’ECG de Hotler, de l’échocardiographie au repos et de produits pharmacologiques.
Premiers gestes de secours en cas d’infarctus
En présence d’une victime d’une crise cardiaque, le premier geste est le massage cardiaque avec ou sans défibrillateur. Il est toujours conseillé de le tenter même si on n’est pas expérimenté.
Si on est seul, il faut appeler les secours - le 112 ou le 15 - avant de commencer le massage. Le médecin demande certains faits pour évaluer l’état du malade et indique s’il faut effectuer d’autres gestes.
Pour le patient atteint d’angine de poitrine
Des médicaments pour fluidifier le sang sont toujours prescrits, par exemple de l’aspirine.
Le taux de cholestérol LDL doit aussi être diminué avec de la statine.
Les douleurs cardiaques sont calmées par des trinitrines et le travail cardiaque doit être réduit par des inhibiteurs calciques ou des bêtabloquants.
La chirurgie est pratiquée quand les artères sont trop étroites.
Elle consiste, soit à mettre en place un stent (petit tube qui tient les artères ouvertes) par angioplastie, petite incision pour atteindre l’artère, soit par une chirurgie cardiaque au niveau de la poitrine pour effectuer un pontage coronarien.
L’angioplastie, qui est la plus courante, se fait sous anesthésie locale, tandis que le pontage se fait sous anesthésie générale et nécessite une longue hospitalisation, car c’est une opération qui nécessite un arrêt momentané du cœur.
Elle est primordiale pour un meilleur rétablissement et réduire les risques de récidive. Elle consiste à manger sainement, à éviter le tabac et l’alcool qui sont d’ailleurs des facteurs de risque accentués avec l’âge, à faire du sport si le médecin le conseille et à traiter l’HTA.
Il est primordial de faire un suivi strict après une complication de maladie cardiaque, notamment l’infarctus du myocarde.
Si un angor persiste ou si la revascularisation n’est pas totale après les traitements, il est conseillé d’effectuer régulièrement des tests pour détecter une éventuelle nouvelle ischémie.
Le médecin peut prescrire une échographie de stress, une épreuve d’effort, une IRM de stress, une scintigraphie myocardique (avec épreuve d’effort) ou d’autres examens déjà effectués lors du dépistage.
Si le patient présente à nouveau une insuffisance cardiaque et/ou un dysfonctionnement du ventricule gauche, une échocardiographie ou fraction d’éjection isotopique est nécessaire.
Si le cœur présente une arythmie, un ECG Holter est réalisé.
L’interruption du traitement médicamenteux sans avis médical est absolument à proscrire et les prescriptions médicales sont à suivre à la lettre pour éviter tout risque de thrombose qui peut être mortelle.
Par ailleurs, un contrôle régulier est plus que conseillé, tous les trimestres chez le généraliste et au moins tous les ans chez le cardiologue.
Il est préconisé de suivre une éducation thérapeutique dans un centre de réadaptation cardiovasculaire pour bien connaitre sa maladie et agir de la bonne manière dans tous les cas de figure. Cela aide le patient à reprendre les activités du quotidien, à se réhabituer à une vie sociale, voire professionnelle.
Il est important d’avoir un mode de vie très sain et d’éviter les facteurs de risque tels que le tabagisme, le diabète, l’HTA, l’obésité et la sédentarité.
La principale prévention contre la cardiopathie ischémique est d’avoir une bonne hygiène de vie avec une alimentation équilibrée, une hydratation suffisante, l’arrêt du tabac, la réduction de consommation d’alcool et la pratique d’activités physiques régulières adaptées à son âge comme pour les séniors par exemple.
Il ne faut pas non plus négliger le sommeil ni s’exposer à un stress permanent.
Bien s’alimenter est particulièrement important pour réduire les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, car le surpoids force le cœur à surtravailler.
Comment bien s’alimenter ?
L’objectif n’est pas de suivre un régime strict ni de se priver de nourriture, mais de renouer avec une bonne alimentation saine et équilibrée.
Privilégiez les viandes blanches (poisson, poulet) plutôt que les viandes rouges et les charcuteries, ainsi que les fruits et légumes.
Les huiles végétales de colza, d’olive ou de noix sont préférables au beurre, à la mayonnaise ou autres sauces industrielles.
Réduisez, voire évitez les fritures.
Les aliments sucrés industriels sont les plus néfastes, car la quantité de sucre est presque toujours excessive, particulièrement les produits farineux.
Il est conseillé de réduire le sucre ajouté dans les plats sucrés préparés (à la maison ou au restaurant, etc.) et de s’habituer à un goût peu prononcé en sucre.
Pour s’hydrater, l’eau est toujours préférable aux sodas, jus de fruits sucrés et sirops. Les tisanes et les thés sont aussi des boissons peu caloriques et pourtant agréables à consommer.
La fibre protège le cœur. Elle est présente dans les fruits, les légumes, les légumineuses et les céréales complètes.
La recommandation est de 10 verres d’alcool standard par semaine, sans dépasser 2 verres par jour et sans boire tous les jours.
Voici les normes des verres :