Dr. Holi Rajery - Linkedin
Le cancer du poumon commence dans les cellules du poumon. À ce stade, on l’appelle cancer primitif du poumon, mais il peut se développer et endommager les tissus environnants. Le groupe de cellules malades (tumeur) peut même s’étendre vers d’autres organes, c’est le stade de métastase.
L’incidence du cancer du poumon est de 23/100.000 personne par an, c’est le 3e type de cancer le plus répandu dans le monde et le 4e en France, sachant que le cancer du sein affecte le plus les femmes contre le cancer de la prostate chez les hommes.
Le cancer du poumon est une maladie asymptomatique à ses débuts, mais grave. Comment se manifeste-t-il ? Quelles en sont les causes ? Comment le traiter et le prévenir ?
I.1. Définition
Les poumons sont entourés des bronches qui sont les canaux par où passe l’air venant du nez et de la bouche. Le cancer du poumon (ou cancer bronchopulmonaire ou cancer bronchique) touche principalement les cellules des bronches.
Une cellule se mue de manière anormale, se multiplie sauvagement et finit par former une masse qu’on appelle tumeur qui peut s’étendre vers les autres tissus du poumon et les ganglions lymphatiques environnants. Des cellules cancéreuses peuvent toucher d’autres organes en se déplaçant par les vaisseaux lymphatiques ou sanguins et former de nouvelles tumeurs.
I.2. Causes, facteurs de risque et hérédité
Le tabagisme est la première cause du cancer du poumon, provoquant 85% des cas. Un fumeur multiplie de 10 à 15 fois son taux de risque selon son âge, la durée de son tabagisme et le nombre de cigarettes fumées au quotidien.
Même des années après son sevrage, le fumeur a toujours plus de risque qu’un non-fumeur de contracter le cancer bronchopulmonaire.
Une personne exposée au tabagisme passif augmente de 26% son risque d’être atteint de cette maladie mortelle.
Il n’a pas encore été prouvé que les essences des cigarettes électroniques et d’autres produits alternatifs à la cigarette augmentent le risque, toutefois ces produits sont souvent combinés avec un peu de tabac, ils sont donc qualifiés de cancérigènes.
Ce gaz radioactif est la seconde cause du cancer du poumon en France et aux États-Unis. Il est présent dans les zones à forte composition de roche volcanique, notamment de granite, qui produit naturellement de l’uranium.
Il serait à l’origine des 5% à 15% des cas de ce cancer avec un taux de mortalité de près de 10%.
La pollution de l’air est un 3e facteur du cancer bronchique. Les gaz néfastes en sont les causes, notamment venant des fumées toxiques des industries, des véhicules, etc. on peut citer le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2), etc.
Selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), 15% des cas de cancer du poumon seraient d’origine professionnelle à cause de l’exposition à des produits biologiques, chimiques ou physiques cancérigènes comme l’amiante. L’amiante provoque d’ailleurs l’un des cas rares, mais très agressifs, de cancer qu’on appelle mésothéliome.
D’autres produits comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les fumées de cuisine ou de chauffage au charbon ou au bois, l’arsenic, le gaz moutarde, sont aussi des facteurs de risque.
Si le travailleur fume, il peut augmenter son risque jusqu’à 90 fois plus qu’un non-fumeur non exposé.
Avoir un proche parent (parents biologiques, frères et sœurs ou enfant direct) qui a été atteint du cancer bronchique est un facteur de risque puisqu’on peut avoir les mêmes prédispositions génétiques (dont les gènes Tumor protein P53 et Epidermal Growth Factor Receptor).
La prédisposition peut aussi être causée par des habitudes communes comme habiter ensemble dans un endroit à forte exposition de produits cancérigènes, avoir un fumeur à la maison, etc.
I.3. Types de cancer de poumon selon l’origine et le mécanisme de développement
Il existe 2 types de cancer du poumon selon la provenance des cellules atteintes et leur mécanisme de progression. En effet, les 2 catégories de cellules ont des apparences et des comportements différents à mesure qu’elles se développent. Cette différence d’apparence a donné la classification en « cancer du poumon à petites cellules » et « cancer du poumon non à petites cellules ».
Il est provoqué par :
Il est souvent diagnostiqué chez 40% des patients ayant déjà une maladie métastatique qui n’est pas dans les environs directs du poumon.
Très agressif avec un développement rapide, il provient des cellules neuroendocrines et se manifeste dans la majorité des cas chez les fumeurs. 80% des patients atteints ont déjà une maladie métastatique, voilà pourquoi il est important d’apprendre à définir la fin de vie d’une personne atteinte de cancer.
I.4. Fréquence
Un peu moins de 53.000 cas ont été dénombrés en 2023, dont 63% des hommes et 37% des femmes.
Avec l’augmentation du tabagisme chez les femmes, la tendance tend à s’inverser d’ici quelques années. Déjà depuis 2010, le nombre de cas est en baisse de 0,5% chez les hommes et en hausse de 4,5% chez les femmes.
Le cancer pulmonaire est la 1re cause de décès par cancer en France.
Le nombre de décès après 5 ans a diminué même s’il reste encore très élevé.
Les premiers stades du cancer bronchopulmonaire sont souvent asymptomatiques, c’est la raison de la difficulté de sa détection précoce. Les signes apparaissent aux stades avancés et sont souvent associés à des complications d’autres maladies respiratoires.
Des toux persistantes, une dyspnée, une dysphagie, une dysphonie, des crachats de sang, des douleurs à la poitrine ou une obstruction des vaisseaux peuvent se manifester.
Les symptômes sont aussi associés à :
Il est possible de découvrir par inadvertance la présence de cancer lors d’une consultation pour maladie pulmonaire par exemple.
Par ailleurs, les 2 types de cancer peuvent avoir chacun des manifestations différentes, mais très rares.
Ces signes appelés syndrome de Horner sont liés à un cancer qui touche les nerfs au-dessus du poumon.
Ce sont les symptômes d’un syndrome paranéoplasique.
Il évolue en 2 stades :
La stadification de ce type de cancer est effectuée avec le système TNM qui repose sur plusieurs facteurs : la taille et la localisation de la tumeur, la présence de ganglions lymphatiques et de métastases.
Le chiffre (0 à 4) augmente à mesure que la gravité de la maladie est élevée.
Il y a 5 stades d’évolution :
Pronostic vital :
Le pronostic dépend du stade auquel le cancer a été détecté.
Les stades avancés (cancer non à petites cellules) et extensifs (cancer à petites cellules) donnent moins de 10% d’espérance de vie de 5 ans.
D’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte, notamment la nature de la tumeur et la réaction physiologique du patient par rapport aux traitements.
Les analyses ont 2 objectifs : confirmer la présence du cancer et en connaitre le stade.
1) Pour détecter la présence effective de la maladie, l’équipe médicale réalise :
2) Pour évaluer le stade de la maladie, des bilans d’extension sont exécutés :
On parle de cancer du poumon occulte quand les examens d’imagerie n’ont pas révélé la présence de cellules cancéreuses, alors qu’elles ont été détectées lors de l’analyse des expectorations du patient.
Le traitement du cancer du poumon connait une grande évolution, mais la prise en charge est trop souvent tardive du fait que la maladie est asymptomatique à ses débuts, ce qui rend le taux de mortalité élevé. Toutefois, les soins sont de plus en plus efficaces et ciblés, ce qui leur donne un meilleur rendement.
En cas de cancer du poumon non à petites cellules
Le choix du ou des traitements à adopter dépend de nombreux facteurs, aussi bien liés au cancer qu’au patient lui-même.
Les facteurs liés à la maladie sont :
Les facteurs liés au patient sont :
Dans certains cas, les médecins optent pour une prise en charge palliative ou ne proposent pas de traitement du tout.
En cas de cancer du poumon à petites cellules
Ce type de cancer répond bien aux principaux traitements, mais les résultats ne sont pas durables.
La chimiothérapie est la plus pratiquée, elle est souvent associée à l’immunothérapie, avec ou sans radiothérapie, avec ou sans traitement hormonal, avant ou après une chirurgie. Ce traitement est le plus sûr pour améliorer la qualité et l’espérance de vie du patient.
L’opération chirurgicale n’est généralement pas recommandée en cancer bronchique à petites cellules, sauf dans de rares cas où la tumeur est encore de très petite taille, située localement et non disséminée.
Quand recourir aux soins palliatifs ?
Les soins palliatifs n’ont pas de capacité curative, ce sont des traitements de support qui visent à réduire certains symptômes, surtout les douleurs, et à accompagner psychologiquement le malade et ses proches.
Ils peuvent être prescrits pendant ou après les traitements curatifs et peuvent être suivis à l’hôpital ou à domicile.
La chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie sont souvent utilisées aussi comme soins palliatifs.
Le risque de récidive est toujours présent après le traitement d’un cancer. Le suivi régulier est donc impératif pour détecter précocement toute anomalie.
Les examens consistent à effectuer un scanner des poumons, une radiographie et parfois des examens des autres organes (cerveau, foie…) par scanner, échographie, prélèvement, etc.
Le médecin peut aussi prescrire une analyse sanguine pour détecter d’éventuels marqueurs tumoraux.
Une équipé dédiée peut continuer les traitements palliatifs, dont voici la prise en charge pour soutenir le patient à sortir de ses douleurs physiques et psychologiques ou, dans le cas de métastase, à faire le maximum pour une meilleure qualité de vie.
Hormis l’équipe médicale, des associations, des groupes de rencontre ou des plateformes digitales existent pour soutenir les patients et leurs proches par des partages d’expérience ou des conseils.
Le tabagisme étant le premier facteur de risque du cancer pulmonaire, la première prévention est l’arrêt du tabac, voire l’abstinence permanente si on n’a jamais fumé. Il faut aussi éviter de s’exposer au tabagisme passif.
Les travailleurs exposés aux produits cancérigènes doivent effectuer régulièrement des examens pour découvrir les éventuels débuts de maladie des poumons ou du cœur. Les autorités sanitaires font d’ailleurs des suivis dans les régions à fort taux de radon, notamment en Bretagne et en Corse.
Avoir une bonne hygiène de vie aide à lutter contre la maladie, il est donc conseillé de manger équilibré (pas d’excès de sucre, de gras ni de sel, le moins d’aliments industriels possible …), d’avoir un sommeil suffisant et de pratiquer régulièrement une activité physique, même au troisième âge.
La mise en place d’une chimioprévention est en cours de recherche dans le milieu scientifique et médical.